L’oeuvre de la semaine: Les trois muses de James Todd

Electric Ritual, 2018. C de l'artiste et Alice Gallery Brussels. © DR
Guy Gilsoul Journaliste

A la différence des toiles (présentées voici peu à la galerie 18 de Copenhague) composées uniquement d’objets quotidiens et qui avaient été présentées voici peu galerie 18 à Copenhague, le New-Yorkais James Todd (°1969) revient ici à un autre thème classique de l’histoire de l’art : la scène à trois personnages féminins.

Certes, depuis le bas-relief de Praxitèle, le sujet en appelle aux trois muses même si les « rôles » varient et soulignent combien cette contrainte des trois personnages induisent des interprétations chaque fois renouvelées : « les trois grâces » de Raphael puis de Rubens, les « trois sorcières » de Füssli, les « trois soeurs « de Von Stick, les « trois hollandaises » de Picasso mais surtout « les trois baigneuses » de Cézanne et, sous le même titre, celles de Matisse dès 1907 qui chantent « la joie de livre ».

Or, si James Todd (parfois associé au Street Art) s’investit aussi dans les films d’animation et d’horreur, s’il passe allégrement de la conception de marionnettes à l’illustration de clips vidéos (pour le groupe U2 par exemple) et à l’oeuvre murale (ceux du métro Beaux-Arts de Charleroi, c’est lui), il est aussi un peintre héritier de la tradition revendiquant entre autres, l’influence, justement, de Matisse, le peintre le plus classique de la modernité.

On reverra alors avec intérêt les compositions et les chromatismes du peintre de « La danse » et des « Intérieurs » tout en intégrant dans les références, les accords électriques d’Andy Warhol à qui James Todd reprend la dichotomie Eros-Thanatos et, ici, sous l’apparence d’une scène hédoniste, l’un ou l’autre indice qui déstabilisent l’impression : cette fois, au niveau du décor, l’opposition entre le monde silencieux des livres et l’univers connecté présent à travers les deux écrans vifs des smartphones. La galerie bruxelloise qui suit le travail de cet artiste depuis 2010, nous invite donc pour la troisième fois, à suivre l’évolution de cette oeuvre qui, comme toute peinture digne de ce nom, mérite mieux qu’un coup d’oeil vite consommé.

Alice Gallery, 4 rue du pays de liège (1000). Du 6 septembre au 27 octobre Du mercredi au samedi de 14h à 18h. www.alicebxl.com

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