L’obscurité est un lieu

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Il est des voix littéraires qui vous tatouent immédiatement de leur inquiétude, laissent flotter autour de vous une nuée poreuse à tout danger et Ariadna Castellarnau en fait assurément partie. Après l’implacable et impeccable Brûlées, la revoici avec huit nouvelles où elle conjugue atmosphères déviantes (depuis le parc aquatique familial miteux de Marina Fun aux images de l’ascenseur à câbles organiques de L’obscurité est un lieu) et fin en vortex twisté. Dans Les enfants jouent dans le jardin, une mère accueille chez elle les soi-disant amis de sa fille qui commencent à coloniser l’endroit, comme ils ont pu le faire ailleurs, hermétiques à son deuil. L’étrange s’enracine ici d’autant mieux chez des personnages dévastés par la solitude ou la mélancolie. Dans Soudain, un déluge, Mauro est déboussolé face aux eaux montantes et à un père terrassé par le chagrin au point de collecter des os et de recréer un simulacre de sa fille noyée. Les relations familiales y sont dictées par l’appât du gain, la malveillance (comme dans Au meilleur de nos enfants, où une autrice célèbre rentre dans son pays natal pour une cérémonie d’honneur, non sans appréhension) ou une peur viscérale. Avec sa pesée de mots parfaite et ses mille et une nuances de noir, L’obscurité est un lieu exerce un pouvoir de fascination pérenne.

D’Ariadna Castellarnau, éditions de l’Ogre, traduit de l’espagnol par Guillaume Contré, 192 pages.

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