Un septième tome pour la saga Millénium: la recette fonctionne-t-elle encore?
Karin Smirnoff, Éditions Actes Sud/Actes noirs
Millénium - t. 7: La Fille dans les serres de l’aigle
432 pages
La Suédoise Karin Smirnoff réactive la saga Millénium et signe le premier volet d’une nouvelle et prometteuse trilogie.
Les chiffres donnent le vertige. Depuis la sortie des trois premiers volumes de Millénium de Stieg Larsson, 120 millions d’exemplaires se sont écoulés de par le monde et cinq adaptations cinématographiques sont nées. Pour rappel, l’auteur, journaliste d’investigation, décède foudroyé par une crise cardiaque à l’âge de 50 ans. La trilogie originelle composée de Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (2005), La fille qui rêvait d’un bidon d’essence (2006) et La reine dans le palais des courants d’air (2007) connaît un succès planétaire inattendu, venu presque de nulle part, et lance ce qu’on appelle communément “la vague des polars nordiques”. Faisons l’impasse sur un conflit juridique sans pitié où Eva Gabrielsson, la compagne de Stieg Larsson (le couple n’était pas marié) ne touchera pas une couronne, au profit de la famille du défunt et venons-en à la deuxième trilogie, soit les Millénium 4, 5 et 6 signés David Lagercrantz -journaliste et suédois aussi- qui seront publiés entre 2015 et 2019 par Actes Sud.
On pensait alors naïvement avoir fait le tour avec les aventures de Mikael Blomkvist, journaliste pour le magazine Millénium, et de la hackeuse tatouée et génie de l’informatique Lisbeth Salander. C’était sans compter sur Karin Smirnoff, elle aussi suédoise, qui a repris fin 2021 les rênes de la saga en entamant une nouvelle trilogie. Une nouvelle qui devait laisser dubitatifs les fans de Stieg Larsson. Au final, aujourd’hui traduit en français, La Fille dans les serres de l’aigle, écrit par cette inconnue chez nous mais grosse vendeuse dans sa Suède natale, est plutôt une bonne surprise. Avec ce retour aux sources et aux fondamentaux qui ont fait le succès de la série, on en oublierait presque la trilogie Lagercrantz qui, comme on dit vulgairement, avait pourtant “fait le job”.
Thriller bien enlevé
Il faut juste garder en tête que La Fille dans les serres de l’aigle relance une nouvelle triplette de la saga Millénium et que Smirnoff, fidèle à l’ADN, doit mettre une bonne centaine de pages à planter le décor. Soit un Blomkvist devenu freelance qui se rend dans le nord du pays au mariage de sa fille dont le futur époux est un élu local populiste. Quant à Salander, elle se voit confier contrainte et forcée –un comble pour Lisbeth- la garde de Svala, sa nièce, la fille de son demi-frère. Entre magouilles politiciennes générées par le gendre de Blomkvist autour de l’obtention d’un grand marché à l’heure de la transition écologique et le retour du MC Svavelsjö, le terrifiant gang de motards, Karin Smirnoff signe un thriller bien enlevé avec les thèmes qui ont fait le succès de la saga comme la menace omniprésente de l’extrême droite, les dérives de l’ultralibéralisme, la disparition de la presse papier sans oublier de soigner ni ses personnages, ni l’action avec notamment une scène d’anthologie digne d’un James Bond. Divertissant!
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