Frédéric Paulin, Agullo
Nul ennemi comme un frère
480 pages
Frédéric Paulin se lance dans un nouveau triptyque, à l’heure où Beyrouth et le Sud-Liban subissent le feu des frappes israéliennes sur les positions du Hezbollah.
Frédéric Paulin l’avait déjà fait avec sa trilogie Benlazar sur la guerre civile algérienne et l’exportation du djihad en France et en Occident. Ce nouveau triptyque, qui débute le 13 avril 1975, jour « officiel » d’une autre guerre civile, au Liban celle-là. Comme il l’avait fait avec La Guerre est une ruse en plaçant le décor de manière ludique et pas manichéenne pour un sou, Nul ennemi comme un frère (1975-1983) démarre, outre le massacre du bus de militants palestiniens par les phalanges chrétiennes suite à l’attentat contre le chef du parti chrétien Pierre Gemayel, par une mise en place indispensable dans un pays où sunnites, chiites, Druzes et chrétiens ont bien du mal à cohabiter.
Fort d’un travail de documentation dantesque, l’auteur retrace dans cet étourdissant premier volume le déferlement de violence aux répercussions internationales, la responsabilité politique de la France, le massacre de Sabra et Chatila jusqu’à la naissance du Hezbollah dans un pays où « On (y) meurt en traversant une rue alors que les chasseurs israéliens bombardent un quartier palestinien ou chiite. On y meurt d’une balle dans la tête tirée par un sniper au petit matin, en allant au travail. On y meurt à un carrefour parce que sa carte d’identité est celle d’une communauté ennemie. » Sans délaisser ses personnages, des femmes et des hommes de différentes professions, nationalités, tendances, factions et religions, Frédéric Paulin se pose en chaînon manquant entre Jean-Patrick Manchette et Don Winslow. La suite en février 2025.
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