Critique | Livres

Un double roman écrit à vingt ans d’intervalle par Louise Erdrich au cœur d’une réserve américaine

3,5 / 5
Louise Erdrich © DR

Louise Erdrich, Albin Michel

Comme des pas dans la neige

448 pages

3,5 / 5

Ce serait un abus de langage de parler ici du dernier livre de Louise Erdrich, puisqu’il s’agit en réalité pour l’autrice de « deux romans écrits à 20 ans d’intervalle (Tracks en 1988 et For Souls en 2004) mais qui n’en forment qu’un seul ».

Ces deux romans sont publiés aujourd’hui comme un tout par son éditeur français dans la foulée du Prix Femina décerné à Louise Erdrich pour La Sentence. On y retrouve les thèmes mais aussi l’une des formes qu’affectionne Erdrich, celle de la fresque polyphonique au cœur d’une réserve au bord du démantèlement. Le texte commence en 1912, alors que le processus de dépossession est en cours pour la tribu Ojibwé, qui doit résister tout autant au froid et à la famine qu’aux « appâts » (alcool et dollars) utilisés par le gouvernement, « sans jamais remarquer comment la terre nous était enlevée sous chacun de nos pas. »

Si le récit est porté par plusieurs narrateurs, notamment le vieux Nanapush, personnage truculent pas toujours très fiable mais attachant, la vraie héroïne, toujours racontée par les autres, est Fleur Pillager, femme indépendante dont le corps exploité qu’elle défend grâce à son ingéniosité mais aussi à sa connaissance profonde du territoire et de ses ressources, s’impose comme un miroir de la situation des Indiens Ojibwés. Quelques précieuses pages en plus à l’œuvre déjà riche de Louise Erdrich.

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