Critique | Livres

Troy Blacklaws – Un monde beau, fou et cruel

Marie-Danielle Racourt
Marie-Danielle Racourt Journaliste livres

ROMAN | Les écrivains sud-africains contemporains ont un point commun: un amour inconditionnel de leur terre.

Troy Blacklaws - Un monde beau, fou et cruel

Troy Blacklaws le déploie dans la présentation de deux personnages particulièrement attachants aux mains d’une région magique et sauvage. Jérusalem est le fils d’un « criminel humaniste » et d’une mère qui « dérape » à la suite de la mort horrible de sa fille. Poète inadapté, il rêve d’inonder le monde d’amour et d’extase. Quant à Jabulani, professeur, marié et père de famille, il a dû quitter le Zimbabwe pour avoir proféré une critique à l’égard du Président Mugabe. Après avoir été humilié et spolié, il a laissé ceux qu’il aime pour pénétrer clandestinement dans le « pays de Mandela », que l’on idéalisait quelque peu de l’autre côté de la frontière. Ces deux voix narratives déroulent en parallèle leurs angoisses, leurs rêves, la cruauté de leur sort, pour l’un sentimental, pour l’autre existentiel. Le pays est aux mains de voleurs d’enfants, de trafiquants, de violeurs et une mafia interne écrase une population qui a cru en des lendemains radieux. Et comme dans toutes ces régions qui connaissent une douleur lancinante, la musique devient le baume qui masque la cruauté de ce monde beau et fou. Certains parleront de ce roman comme de la répétition d’un même motif. Peut-être, mais un ressassement en tout cas magnifié par la vision poétique et chaleureuse de Blacklaws.

  • ROMAN DE TROY BLACKLAWS, ÉDITIONS FLAMMARION, TRADUIT DE L’ANGLAIS (AFRIQUE DU SUD) PAR PIERRE GUGLIEMINA, 287 PAGES.

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