H.P. Lovecraft, éditions Mnémos
Intégrale H.P. Lovecraft
288 pages
Longtemps maudit par de mauvaises traductions, H.P. Lovecraft, écrivain de l’épouvante, se redécouvre après la décennie de travail de David Camus.
Fondateur du fantastique contemporain, influencé notamment par l’œuvre d’Edgar Allan Poe ou d’Abraham Merritt, Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) a développé un univers halluciné de divinités titanesques et horrifiques qui, tapies dans les profondeurs, menacent de façon souterraine l’humanité. Ignorée ou presque de son vivant, son œuvre s’est répandue à travers tout le XXe siècle au point de devenir, à l’image de ses entités monstrueuses et tentaculaires, un univers imaginaire aux multiples bras.
C’est à une tâche effectivement monstrueuse à laquelle s’est attelé David Camus durant dix ans: celle de la traduction de la totalité des publications de l’Américain, de son style épique, “qualificatif”, donnant naissance à des merveilles poétiques, notamment dans ses titres: Je suis d’ailleurs, La Couleur tombée du ciel, Par-delà le mur du sommeil... Il est vrai que jusqu’ici les traductions françaises s’étaient révélées imprécises ou bâclées. Mais Camus l’avoue lui-même, son travail profond, attentif, communautaire, n’est qu’une tentative de rendre en français une œuvre qui reste insaisissable, notamment de par les nombreux adverbes et adjectifs qu’elle utilise pour faire surgir l’étrange, la peur, l’indicible et l’horreur. Comme il l’écrit dans l’introduction générale qui ouvre le premier volume, le traducteur a essayé “ de déchiffrer un langage codé”.
Souffle épique et poétique
Exemple de la difficulté à rendre une langue souvent ouvragée, dans ce premier tome intitulé Les Contrées du rêve: le héros, Randolph Carter, parti en quête de la fabuleuse cité de Kadath, déploie dans ses songes les images d’un lyrisme débordant voire délirant, qui sous la plume de Lovecraft et à travers l’interprétation fidèle qu’en donne le traducteur, sont d’une poésie épique, porteuse d’un souffle qui se confond parfois avec un chant quasi wagnérien, non dénuée d’une certaine pompe dans la description, mais qui s’arrête toujours aux portails immenses du grandiloquent.
Le deuxième tome, Les Montagnes hallucinées, rassemble les nouvelles qui mettent en lumière dans les replis de notre Terre, les sombres manigances de Cthulhu, la déité monstrueuse endormie et rêvant à la destruction de l’humanité, notamment des récits emblématiques comme L’Appel de Cthulhu (mis en musique par Metallica), ou au titre d’une poésie indéniable (Dans l’abîme du temps). Publiés en ce début d’année, les deux premiers volumes seront suivis de cinq autres reprenant au total plus de 120 nouvelles, romans, poèmes, essais et lettres.
Face à cette titanesque, monstre et merveilleuse entreprise de traduction de l’œuvre du “Maître de Providence”, révéré notamment par Michel Houellebecq qui lui consacrera son premier livre (H. P. Lovecraft. Contre le monde, contre la vie), il sera désormais difficile de résister à l’appel de Lovecraft.
Deux tomes parus, 288 et 304 pages.
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