POLAR | Quand l’équipe marketing d’une maison d’édition met en avant la nationalité d’un auteur avant son talent, on se dit que la lecture qui va suivre risque d’être pénible. Pour Toubab or not Toubab, il n’en est rien.
DE SONON ET MERCIER D’APRÈS JEAN-CLAUDE DEREY, ÉDITIONS CASTERMAN, 100 PAGES. ***
POLAR | Quand l’équipe marketing d’une maison d’édition met en avant la nationalité d’un auteur avant son talent, on se dit que la lecture qui va suivre risque d’être pénible. Pour Toubab or not Toubab, il n’en est rien. Si Sonon est « l’un des rares dessinateurs africains à vivre de son travail d’auteur », il est surtout doué pour croquer des personnages que l’on n’a pas vraiment envie de rencontrer. Tiré du roman éponyme de Jean-Claude Derey, cet album c’est un peu la Cour des Miracles de Victor Hugo transposée en Côte d’Ivoire, à notre époque. Perdu dans Abidjan, Hondo, un jeune chamelier à la recherche de son troupeau, se voit contraint de travailler pour un couple de voleurs sanguinaires. Spécialisés dans le trafic d’organes, les malfrats n’hésitent pas à se servir sur des donneurs en bonne santé, quitte à les refroidir une fois le prélèvement terminé. Traumatisé, le gamin balance ses deux acolytes à la police, qui se fait une joie de les alpaguer avant de les laisser s’échapper. Pour sauver ce qui lui reste de peau, Hondo s’associe à Boubakar, un ancien enfant-soldat qui a participé à la guérilla en Sierra Leone. Protecteur efficace, l’ancien rebelle surnommé Colonel Jackson se révèle aussi possessif et jaloux qu’une mère juive… De désillusions en rencontres ratées, Hondo se refuse à échapper à un destin qui lui réserve pourtant une vie en compagnie des morts.
Construite sur de trop nombreuses ellipses, cette adaptation mérite surtout par sa série de portraits, plus que par le rythme soutenu de son récit. Du roman noir d’origine, les auteurs n’ont finalement gardé que la violence et le désespoir, sans trop se préoccuper du suspense.
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