Max Porter, éditions du Sous-sol
Shy
144 pages
L’adolescence est un champ de mines. Shy en sait quelque chose, lui qui y a laissé pas mal de plumes. La faute à un tempérament volcanique et d’inexplicables pulsions destructrices: quand il ne saccage pas la maison d’amis de ses parents ou qu’il n’insulte pas les profs, la moindre petite contrariété ranime sa colère et rameute des idées noires: “Si la vie c’était tout ce stress, toute cette pression, alors c’était trop, c’était beaucoup trop.” Résultat: il se retrouve à l’École de la Dernière Chance, un manoir recueillant des jeunes garçons au parcours cabossé. Loin d’une mère à l’amour étouffant et des mauvaises fréquentations, il retrouve ici un semblant de stabilité. Mais la poisse le poursuit: victime de promoteurs, l’établissement s’apprête à fermer. C’en est trop pour Shy, qui décide de mettre les voiles en pleine nuit, direction les marais tout proches, du ragga dans les oreilles et le dos lesté d’un sac de silex… Un trajet court mais rendu périlleux par la topographie et surtout par l’afflux de souvenirs, cauchemars récurrents, bribes de conversations, paroles bienveillantes des animateurs, façon collage impressionniste. Un flot d’émotions qui dessine la cartographie d’un psychisme chaotique. Auteur singulier et précieux, Max Porter excelle à utiliser toutes les ressources du langage pour se glisser sous la peau sensible de l’enfance et en capter la moindre vibration. C’est poétique, fragile, intense, émouvant. D’autant que, comme dans ses contes précédents (Lanny…), le fantastique court-circuite le réel pour conjurer les traumas et laisser entrevoir une possibilité de rédemption. Un tour de magie littéraire.
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