ROMAN | « Tu n’as pas peur d’être un raté, quelque part dans ton for intérieur? » Sandra Lucbert doit bien les connaître, ces trentenaires parisiens d’aujourd’hui, tous diplômés, tous cultivés et tous inactifs et inadaptés, même s’ils s’appellent Méta, Emeric ou Pauline.
Ils sont libres, marginaux et pourtant tellement seuls face à un monde sans pitié. Les uns squattent des immeubles désaffectés qu’ils transforment en ateliers créatifs pour lutter contre l’individualisme ambiant. Les autres tentent de survivre dans des lycées de banlieue quand Paris descelle ses pavés. Les plus naïfs espèrent s’adapter comme psy dans un milieu hospitalier inhospitalier. Triste bilan d’une jeunesse qui a ouvert le XXIe siècle, pétrie d’ambitions louables. Ils ont connu des lueurs d’espoir mais la réalité les a très rapidement rattrapés: Assia qui met son talent au service du théâtre doit quitter Paris pour Londres. Marre du chômage. Marianne se retrouve seule, elle qui rêve de famille traditionnelle, alors que la rue gronde devant la débâcle financière. Et Méta, la plus lucide peut-être, apprend qu’il faut profiter essentiellement du moment présent. Que deviendront ces jeunes adultes qui ont cru en un avenir radieux et n’y voient qu’inhumanité et contraintes? Comme les jeunes auteurs actuels, Sandra Lucbert découpe son premier roman en courtes séquences que focalisent l’un ou l’autre personnage. Ce procédé contribue à se concentrer sur les crises de solitude profonde et les instants de lumière sans se soucier de futilités. Difficile cependant de s’identifier aux personnages un peu trop « parigos-bobos ».
- MOBILES, DE SANDRA LUCBERT, ÉDITIONS FLAMMARION, 275 PAGES.
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