ROMAN | Jackie Kay a la peau noire et pourtant ses parents sont blancs. C’est à sept ans qu’elle prend conscience du contraste des couleurs qui la laisse cependant assez indifférente à ses véritables origines.
POUSIÈRE ROUGE DE JACKIE KAY, TRADUIT DE L’ANGLAIS (ECOSSE), ÉDITIONS MÉTAILIÉ, 258 PAGES. ***
Mais à 27 ans, alors qu’elle est enceinte, son désir de retrouver sa mère biologique devient impérieux. Jackie apprend qu’elle est issue d’un curieux mélange « Ecosse-Nigéria ». Affublée d’une génitrice instable et névrosée, il ne lui reste plus qu’à espérer trouver en son père l’Afrique imaginaire qu’elle a construite au fil du temps. Elle attend la quarantaine pour vérifier si l’exotisme dont elle a rêvé colle à la réalité paternelle. Là aussi, il lui faudra déchanter dans un premier temps. Que lui reste-t-il? Retisser prudemment la construction de ses ascendants par l’intermédiaire de documents, de photos, de lieux visités car « la seule chose dont ait besoin un individu adopté, c’est une bonne imagination: bien plus que les gènes ou le sang, l’imagination offre une possibilité de rédemption ». Par son métier d’écrivain, elle n’en manque pas. Si l’on ajoute à cette capacité visionnaire, une persévérance peu commune, on comprend qu’elle ira jusqu’au bout pour retrouver la « poussière rouge » de son Nigéria ancestral. Kay a la plume poétique, sensible et pleine d’humour. Elle manifeste une véritable compassion pour ses trois familles: l’adoptive à qui elle doit le bonheur, la maternelle grâce à des tantines pleines d’un charme très scottish et surtout les images flamboyantes qu’elle ramène de l’Afrique paternelle. Un bémol: l’auteure déstructure un peu trop la chronologie de son récit.
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