Critique | Livres

Olivier Kemeid – Tangvald

François Perrin Journaliste

PREMIER ROMAN

d’Olivier Kemeid, éditions Gaïa, 224 pages. ****

Olivier Kemeid - Tangvald

Comment écrire sur un navigateur chevronné, grand gamin inconséquent assoiffé de liberté et de parfois (très) jeunes femmes, dont la démesure outrancière et la mauvaise foi parfois pathologique suscitent l’admiration de l’auteur, « certes toujours mêlée à sa comparse l’exaspération »? Olivier Kemeid, écrivain et dramaturge québécois, fils d’un émigré égyptien lui-même marin approximatif, a eu l’heur de croiser enfant la route du peu translucide Pe(te)r Tangvald, puis la surprise de lire l’auto-hagiographie Sea Gypsy publiée par ce dernier en 1966. Ainsi confronté en la même personne à un aventurier de génie (sujet au mal de mer) et à un pauvre type, Kemeid aura attendu plusieurs décennies pour en faire le contre-portrait inspiré, hypnotique et hilarant, choisissant de structurer son texte en autant de chapitres consacrés non plus seulement aux titanesques exploits maritimes (parfois accidentels, maladroits) mais aux compagnes successives du navigateur. Décidant, ainsi, de mijoter à sa sauce cette trajectoire originale sans en masquer les errements, sans s’interdire non plus de passionnantes digressions ethnographiques, toponymiques, historiques sur les grands explorateurs comme les plus microscopiques anecdotes marines. Le tout, surtout, dans une langue belle à vous flanquer le tournis.

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