ROMAN | Roman à trois voix, trois vies vides, trois angoisses: devant la page blanche, face au bilan mitigé d’une vie médiocre ou à un manque d’audace créatrice.
Pierre Orangel est un petit éditeur parisien homosexuel qui n’a produit que deux poulains: Félicia Lascaux, jeune femme douée, amoureuse déçue d’un gros producteur d’une chaîne de TV française qui a vécu dans l’opulence facile et se retrouve aujourd’hui exilée à New York, incapable d’écrire; et Marc Williams, un être étrange, partagé entre la création artistique et la destruction sociale. Il a écrit un premier roman qui a plu mais à présent, il connaît la défaite avec un deuxième, jugé impubliable par Orangel. Ces trois antihéros se sont connus, se sont intrigués et se recherchent. Orangel est fasciné par l’insolence de cet homme secret et taciturne qu’est Williams. Ce dernier est attiré par la belle Félicia car elle est différente des autres écrivains à succès et elle, elle est hantée par cet homme qui a besoin d’elle. Or pendant six ans, ils ne se reverront pas. En effet, Williams a disparu en Auvergne, dans un camping désaffecté, sans laisser d’adresse. Dans cette région quelque peu rugueuse, il se sent investi d’une nouvelle mission littéraire: créer un atelier d’écriture où il puisse débrider les démons qui l’habitent et tel un maître de cérémonie, faire vibrer la fibre créatrice de quelques illuminés du village. Tout le récit est empreint d’une certaine tension mélancolique. A peine perceptible au début, elle s’instille au fur et à mesure tel un poison insidieux. Et le lecteur, accroché à ces lambeaux de vie rêvée au bord du gouffre de la solitude, n’émet qu’un voeu: qu’ils se retrouvent tous les trois.
Le ciel antérieur de Mark Greene, Éditions du Seuil, 285 pages.
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