Les 30 romans de la rentrée littéraire d’hiver sélectionnés par la rédaction
Que ce soit en quantité ou en qualité, la rentrée littéraire hivernale n’a plus rien à envier à sa grande sœur aoûtienne. Brassant autant les grands noms attendus que les nouveaux venus, la cuvée 2024 se frotte au réel, l’extraordinaire surgissant souvent du quotidien tant présent que passé. Repérage subjectif en 30 ouvrages.
Châtiment
Châtiment
De Percival Everett, éditions Actes Sud, traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne-Laure Tissut, 368 pages. Parution le 07/02.
À Money, d’étranges meurtres secouent la communauté: des membres masculins d’une même famille blanche sont retrouvés sans vie et mutilés avec à côté d’eux le corps d’un jeune homme noir défiguré. Fantomatique et insaisissable, il est le symbole vengeur d’une Amérique gangrenée par l’injustice et le racisme depuis des temps anciens… Et ça pourrait faire des émules! Avec la force grinçante et horrifique d’un Jordan Peele (Get Out), Everett se sert de l’affaire Emmett Till pour soulever les œillères de l’Histoire. – A.R.
Délivrez-nous du bien
Délivrez-nous du bien
De Joan Samson, éditions Monsieur Toussaint Louverture, traduit de l’anglais (États-Unis) par Laurent Vannini, 300 pages.
Les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont encore une fois déniché un bijou de la littérature américaine passé sous les radars francophones. En l’occurrence l’unique roman de Joan Samson, publié en 1975, soit un an avant son décès. Entre thriller et conte immoral, Délivrez-nous du bien raconte la mainmise d’un commissaire-priseur sur une petite ville tranquille du New Hampshire. Une exploration terrifiante du Mal, de l’ambition et des mécanismes de la soumission qui se déguste comme un bonbon acide. – L.R.
Birnam Wood
Birnam Wood
D’Eleanor Catton, éditions Buchet-Chastel, traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Marguerite Capelle, 560 pages.
Quand, par un concours de circonstance territorial (un glissement de terrain), les éco-activistes de Birnam Wood font financer leur cause par un intrigant milliardaire spécialisé en surveillance, ne signent-il pas un pacte avec le diable? De quels enjeux sont-ils peut-être les marionnettes? S’il y a fort à parier que vous vous méfieriez de votre téléphone une fois le roman refermé, voici une troisième proposition littéraire nuancée, ambitieuse et impossible à lâcher de la part d’Eleanor Catton, l’autrice néo-zélandaise prodige. – A.R.
Les Sept Lunes de Maali Almeida
Les Sept Lunes de Maali Almeida
De Shehan Karunatilaka, éditions Calmann-Lévy, traduit de l’anglais (Sri Lanka) par Xavier Gros, 450 pages.
Au Sri Lanka dans les années 80, Maali Almeida (photographe et joueur) vient de se réveiller dans l’antichambre de la mort. Il aura une semaine -et quantité de rencontres étonnantes- pour découvrir pourquoi il en est arrivé là. Vainqueur du Booker Prize en 2022 et écrit en adresse, ce deuxième roman de Karunatilaka, combine un univers déjanté et satirique à la Will Self dans Ainsi vivent les morts ou Rabih Alameddine dans L’Ange de l’histoire à une charge politique nécessaire à la Arundhati Roy. Féroce et singulier! – A.R.
Le Royaume enchanté
Le Royaume enchanté
De Russell Banks, éditions Actes Sud, traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Furlan, 400 pages.
Décédé le 7 janvier 2023, Russell Banks nous gratifie avec Le Royaume enchanté d’un roman posthume, qui, comme le précédent Oh, Canada est une fausse autobiographie. L’auteur d’Affliction raconte avoir trouvé de vieilles bandes enregistrées où Harley Mann, un homme âgé de 81 ans, se raconte. Avec un sens de la narration d’une rare intelligence, Banks nous plonge au début du XXe et ses sociétés utopistes au cœur de l’Amérique à travers l’incroyable destin de cet homme. – PH.M.
Cartographie d’un feu
Cartographie d’un feu
De Nathalie Démoulin, éditions Denoël, 160 pages.
La montagne est en feu lorsque Carole et Jason se réfugient chez le père du second. Au bord du lac, la maison couve les vestiges de drames familiaux et ravive les angoisses de l’enfance, balafre de souvenirs cuisants. Coiffé des ramures d’un cerf, Jonas, le frère “différent”, observe les arrivants… Sous une ouate de cendres, au milieu des arbres bleus, Nathalie Démoulin trace un sillon inquiet, sensuel et mystérieux. Débordant la nasse des souvenirs, affleure un roman noir ciselé et fascinant. Foncez! – F.DE.
Ceux qui appartiennent au jour
Ceux qui appartiennent au jour
PREMIER ROMAN D’Emma Doude van Troostwijk, éditions de Minuit, 176 pages.
Dans une famille de pasteurs protestants venus des Pays-Bas, le grand-père comme le père ont la mémoire qui s’atrophie. Dans des scènes au rythme contemplatif et dans l’économie de moyens (on pense parfois à Vermeer, parfois au film Lumière silencieuse de Carlos Reygadas), leur fille et petite-fille rend compte du quotidien de cette famille singulière sur la pente glissante, à l’heure d’une passation de rôle. En guise de balises, ces passages du français au néerlandais, non sans, ici aussi, un effilochage de sens: “Le français dit un pense-bête. Le néerlandais dit un appui mémoire.” Très pudique et touchant. – A.R.
Odyssée des filles de l’Est
Odyssée des filles de l’Est
D’Elitza Gueorguieva, éditions Gallimard/Verticales, 176 pages.
Elitza Gueorguieva dépiaute l’exil de deux femmes bulgares fraîchement débarquées au sein du fabuleux pays d’Amélie Poulain. Pour ces “filles de l’Est”, renvoyées sans cesse à leurs origines, réussir en France, c’est d’abord se faire comprendre par le boulanger, la dame de la Préfecture et les flics. Étudiante en arts, la première s’acoquine avec des punks à chiens dans un squat, tandis que Dora découvre que la meilleure passe, c’est celle qui ne dure pas. Un roman ardent et électrique. – F.DE.
Le Sang des innocents
Le Sang des innocents
De S.A. Cosby, éditions Sonatine, traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Szczeciner, 396 pages.
Adoubé par Barack Obama et préfacé par David Joy, le troisième roman noir traduit en français de l’Américain S.A. Cosby (Les Routes oubliées, La Colère…) débarque chez nous précédé d’une réputation amplement justifiée. Soit l’histoire de Titus Crown, premier shérif noir d’une bourgade du Sud profond, confronté à une série de meurtres sur fond de racisme et d’intolérance crasse dans un pays qui se croit encore à l’époque de la guerre de Sécession. Essentiel. – PH.M.
Stella et l’Amérique
Stella et l’Amérique
De Joseph Incardona, éditions Finitude, 224 pages.
Auteur d’une quinzaine de romans, l’écrivain suisse d’origine italienne Joseph Incardona a le chic pour écrire des récits souvent (très) drôles et décalés. Stella et l’Amérique ne déroge pas à la règle, l’auteur revendiquant pour ce roman, le parrainage virtuel de Harry Crews. Et on comprend pourquoi avec cette Stella qui guérit malades et paralytiques en offrant son corps. Sa phase de “sanctification” alerte le Vatican qui emploie les grands moyens. Le reste est à l’avenant! – PH.M.
Les Détails
Les Détails
De Ia Genberg, éditions Le Bruit du monde, traduit du suédois par Anna Postel, 176 pages.
Alors qu’elle tombe malade, une femme est prise de l’envie de relire la Trilogie new-yorkaise de Paul Auster. Une note rédigée au stylo bleu sur la première page la renvoie 25 ans en arrière, à l’époque de sa relation intense, fusionnelle et éphémère avec Johanna, dont la narratrice revisite les bons et les mauvais côtés. Suivent trois autres portraits d’êtres chers au gré d’une mémoire qui s’attache à ces détails a priori insignifiants mais qui, avec le recul, ont laissé une trace indélébile. Un roman baigné de nostalgie qui interroge avec finesse notre rapport au monde, au temps et aux autres. – L.R.
Les Ardents
Les Ardents
PREMIER ROMAN D’Alice Winn, éditions Les Escales, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Carine Chichereau, 512 pages.
Heinrich -dit Henry- Gaunt, étudiant de dernière année, est secrètement amoureux de son meilleur ami, Sidney Elwood. D’origine allemande (donc suspect par nature) et pacifiste, il est raillé pour couardise et décide de s’enrôler précocement. Dans ce premier roman consistant (pour partie épistolaire et qui a trouvé sa matière dans les archives d’un pensionnat anglais), Alice Winn projette deux hommes épris dans la réalité brutale de la Première Guerre mondiale, loin de la poétisation patriotique dont ils ont été abreuvés. – A.R.
Zorrie
Zorrie
De Laird Hunt, éditions Globe, traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne-Laure Tissut, 240 pages.
Orpheline bien trop tôt, Zorrie Underwood est élevée par une tante bigote et acariâtre. De cette enfance sous cloche au crépuscule d’une vie de labeur dans la ferme de l’Indiana qu’elle n’a jamais quittée, en passant par de rares moments de joie -son mariage avec Harold, mort au combat durant la Seconde Guerre mondiale-, Laird Hunt signe un portrait émouvant d’une femme pudique et indépendante, et à travers elle, d’une époque -le mitan du XXe siècle- et d’une communauté agricole connectée à la terre et aux plaisirs simples. Un récit à la poésie souterraine envoûtante. – L.R.
Aliène
Aliène
De Phoebe Hadjimarkos Clarke, éditions du Sous-Sol, 288 pages.
Fauvel se rend à la campagne pour garder la chienne de Luc, un berger de Majorque cloné. Travaillée par la peur depuis l’enfance, la trentenaire apprend que des carcasses d’animaux sont retrouvées dans la région et que les chasseurs du cru évoquent des rencontres extraterrestres. Brassant les questions de genre, d’identité et de domination, ce récit fiévreux et expérimental se glisse sous la peau de son héroïne et propose un trip gothique proche du cinéma de Julia Ducournau (Titane) ou Jonathan Glazer. – F.DE.
L’Autofictif sans égards pour le lecteur sensible
L’Autofictif sans égards pour le lecteur sensible
D’Éric Chevillard, éditions de L’Arbre vengeur, 234 pages.
Depuis 2009, Chevillard partage trois billets quotidiens sur son blog L’Autofictif. Réuni annuellement, le fruit de ce journal régale de ses métaphores et autres axiomes étincelants. Outré, le sensitivity reader étouffe d’inénarrables “Raaaaaah, gnngni”. Pris à leur propre piège, grains de sable, points de suspension et anacoluthes brisent l’asphyxiante routine sur un air de jazz. “Le rameur n’avance pas, que croyiez-vous? Il repousse toute l’eau derrière sa barque.” Garçon, la même chose! – F.DE.
Les Fleurs sauvages
Les Fleurs sauvages
De Célia Houdart, éditions P.O.L, 208 pages.
Partagée entre la Suisse et la Provence où vivent respectivement ses parents, Milva, 16 ans, croque la vie dans le carnet à dessins qui l’accompagne partout. Balades avec son meilleur ami, sorties au Bikini Test, séances de cinéma, tout est prétexte à capter la lumière. Lorsque Théo, son demi-frère, est contraint de se cacher suite à des trafics louches, c’est encore grâce au dessin que Milva tente de lui porter secours. Tout en esquisses enivrantes, un portrait d’adolescence d’une délicatesse rare. – F.DE.
Mon sous-marin jaune
Mon sous-marin jaune
De Jón Kalman Stefánsson. éditions Christian Bourgois, traduit de l’islandais par Éric Boury, 408 pages.
Un écrivain et poète islandais s’apprête, un brin anxieux, à engager la conversation avec l’une de ses idoles, Paul McCartney. En guise de préparation, l’écrivain lance sa Trabant blanche à toit rouge à rebours, sur les chemins vicinaux de ses souvenirs et traumas -au centre desquels la mort prématurée de sa mère. Jón Kalman Stefánsson débite un étonnant et ambitieux récit autobiographique avec, en ligne de mire, la mission de “trouver les clefs qui ouvrent la porte entre vie et mort”. Sans pour autant oublier d’être drôle… – M.R.
Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste
Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste
D’Emmanuelle Pirotte, éditions Le Cherche-Midi, 160 pages.
“Je m’appelle Dominique Biron et j’ai décidé de mourir dans trois jours.” Choisir sa mort, tel est le projet de Dominique, 81 ans. Un diagnostic d’Alzheimer la pousse à mettre de l’ordre dans sa vie, son salon et ses souvenirs. Emmanuelle Pirotte imagine le témoignage ô combien vivant d’une femme aux portes de la mort, qui en mettant fin à ses jours manifeste une ultime fois l’élan vital qui l’anime. Une réflexion dans l’air du temps sur la liberté, qui décomplexe notre rapport à la mort. – A.E.
Nos invisibles
Nos invisibles
PREMIER ROMAN De Charlotte Bonnefon, éditions Cambourakis, 128 pages.
“L’histoire s’écrit en nous dans un lieu mouvant.” Voilà ce qui pourrait être une clé de lecture de ce premier roman, fait de trouées sensorielles, de transmissions de femmes, (“Ma fille, de quel courage héritons-nous”), d’échos multi-territoriels (Espagne, Algérie, France). En prenant autant appui sur la tonalité sibylline des contes de fées (à la manière d’une Johanne Lykke Holm ou d’une Sabrina Orah Mark) que sur des faits avérés (le sort des femmes de Hassi Messaoud, ville pétrolière d’Algérie), Nos invisibles crée sa propre façon d’exorciser la violence répétée. – A.R.
Camille s’en va
Camille s’en va
De Thomas Flahaut, éditions de l’Olivier, 288 pages. Parution le 12/01.
Arrivé à la Cingle (forêt anciennement protégée) à la demande de son ami de cœur Yvain, Jérôme, architecte, découvre la zone en état de résistance organisée contre le gouvernement qui veut la détruire. Son expérience pourra être utile pour construire des cabanes aux militants. Dans le pouls de son combat, Camille est toujours là, en filigrane. Pour son troisième roman, Thomas Flahaut continue à ausculter avec justesse le monde qui se fissure, et se place au plus près des luttes. De ce qui les galvanise autant que de ce qui les érode. – A.R.
Une existence sans précédent
Une existence sans précédent
De Claire Fercak, éditions Verticales, 160 pages.
Habitée par un cri bizarre, des idées galopantes et un penchant bien à elle pour le langage, Helena Cervak se met en route pour la Slovénie (pays d’origine de son nom) avec pour compagnie l’urne funéraire de Nicole Jollais, son assistante familiale de longue durée. Entre erreurs sur la personne et logements miteux où le petit-déjeuner n’est pas compris, cette narratrice désaxée et attachante cherche à retrouver le statut d’enfance, “cette avant-garde (d’elle-même) délestée des croque-mitaines, affranchie des assignations, “engendrée par rien”. – A.R.
La Résistance des matériaux
La Résistance des matériaux
De François Médéline, éditions La Manufacture des livres, 496 pages.
Pour son septième roman, celui qui a imaginé, avec Tuer Jupiter (2018), l’assassinat d’Emmanuel Macron, revient à son terrain de jeu préféré: la politique française en mode enfumage, magouilles et compagnie. Avec ce brûlot, François Médéline revisite l’affaire Cahuzac (ici Serge Ruggieri) -gros scandale du quinquennat Hollande -avec fièvre et frénésie. On pense à La Cour des mirages de Benjamin Dierstein, au Derniers jours des fauves de Jérôme Leroy et à James Ellroy. Explosif. – PH. M.
Mon nom dans le noir
Mon nom dans le noir
PREMIER ROMAN De Jocelyn Nicole Johnson, éditions Albin Michel, traduit de l’anglais (États-Unis) par Sika Fakambi, 224 pages.
Charlottesville (en Virginie) vient d’être prise d’assaut par des émeutiers de la droite radicale. Des habitants en fuite s’organisent sur la colline, dans l’ancienne plantation de Thomas Jefferson devenue musée. Parmi eux, Da’Naisha Love et sa grand-mère MaViolet, descendante de Sally Hemings, esclave de l’auteur de la déclaration d’indépendance. Dans un premier roman dont les remous intérieurs rappellent ceux de Bois sauvage de Jesmyn Ward, l’autrice tisse un pont maîtrisé entre passé et présent, dans une Amérique marquée au fer par le racisme. – A.R.
L’Homme aux mille visages
L’Homme aux mille visages
De Sonia Kronlund, éditions Grasset, 180 pages.
As de la mystification, le Brésilien Ricardo s’incarne en pilote de ligne, photographe de guerre, médecin ou ingénieur chez Peugeot. Prénommé tantôt Daniel, Alexander ou Antonio, il entretient au moins quatre relations amoureuses en même temps. Découvrant une constellation de victimes donnant le tournis, Sonia Kronlund rencontre les piégées et détricote la force des images mentales au sein des fictions du manipulateur. Fruit d’une enquête de cinq ans, le portrait saisissant d’un charlatan hors catégorie. – F.DE.
Un soir d’été
Un soir d’été
De Philippe Besson, éditions Julliard, 208 pages.
“Une leçon cruelle et magnifique.” Philippe Besson retient de l’évaporation soudaine du ténébreux Nicolas dans la chaleur de l’été de l’île de Ré un témoignage ponctuel d’une jeunesse qui à l’aube des années 80 embrasse ou appréhende (c’est selon) le saut dans l’âge adulte. De son impressionnisme sensible inondé d’insouciance estivale, l’auteur d’Arrête avec tes mensonges poursuit avec délicatesse une fresque française -par trop brève dans le présent épisode- basée sur ses souvenirs. – N.N.
Fantastique histoire d’amour
Fantastique histoire d’amour
De Sophie Divry, éditions du Seuil, 512 pages.
“Dès qu’on gratte un peu, on s’aperçoit que les gens ont des failles terribles, des béances qui les rongent et qu’ils essaient de contenir.” Habituée des formats plutôt courts, Sophie Divry change de registre et déploie son écriture avec Fantastique histoire d’amour, roman imposant ultra contemporain qui lorgne vers la fresque, interrogeant la possibilité de l’amour sur fond de réflexion sur les limites morales de la recherche scientifique, l’indépendance de la presse et notre rapport au travail. – A.E.
Seuls les fantômes
Seuls les fantômes
PREMIER ROMAN De Cyrille Falisse, éditions Belfond, 272 pages.
Libraire installé près de Draguignan, le Belge Cyrille Falisse (son portrait ici) se transfigure dans un personnage de quadra paumé, largué par sa copine, qui trouve sur les réseaux sociaux une oreille attentive. Pour sortir de son marasme, il se lance sur les traces des disparues de sa vie à trois âges clés et transforme un premier roman, qui a tout au départ de la chronique existentielle (drôlement) désabusée, en une convocation intime et poétique des fantômes qui forgent nos vies autant par leur existence que par leur absence. – N.N.
La Hyène du Capitole
La Hyène du Capitole
De Simon Liberati, éditions Stock, 304 pages.
Dans le deuxième tome de ce qui sera sous peu une trilogie (après Les Démons, en 2020), Simon Liberati fait réapparaître, à Rome cette fois, Alexis Tcherepakine et sa sœur Taïné. Rencontrée dans une de ces clinquantes soirées mondaines, une certaine Dominique Mihrage, ne va pas tarder à semer le trouble… De sa plume baroque, le dernier dandy de Saint-Germain-des-Prés marie à nouveau pop culture et fresque balzacienne pour poursuivre son récit de cet âge d’or décadent (la fin des 60’s, le début des 70’s) qu’il a peu connu, mais tant fantasmé. – M.R.
Le Témoin
Le Témoin
De Joy Sorman, éditions Flammarion, 288 pages.
Qu’est-ce qui pousse Bart, petit homme sans histoire (c’est sans doute là la clé), à disparaître de sa vie pour s’installer clandestinement dans un tribunal et y suivre anonymement tous les procès? Écrivaine de l’immersion, Joy Sorman passe des maisons de soins psychiatriques (À la folie) aux palais de justice pour une observation romancée mais hautement réaliste du traitement des prévenus. Dans ce théâtre cru que l’on ne veut pas voir malgré la publicité des audiences se dresse un portrait des inégalités de la société face à la justice. Et le lecteur de plonger lui-même dans une profonde introspection morale. – N.N.
Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès
Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès
De Romain Puértolas, éditions Albin Michel, 288 pages.
C’est l’histoire d’une obsession plus que d’un crime. Romain Puértolas (L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea) est persuadé que son voisin n’est autre que Xavier Dupont de Ligonnès, suspecté d’avoir décimé femme et enfants. Pistant l’homme le plus recherché de France et fantasmant les mobiles d’un personnage à l’existence sans aspérités apparentes mais trouée de noir, l’auteur s’adonne au jeu cocasse des temporalités et de transgression du réel. Une démonstration limpide de notre fascination (quasi empathique) pour les monstres. – N.N.
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