Lydia Flem, Seuil
Que ce soit doux pour les vivants
175 pages
Voici vingt ans, Lydia Flem « vidait la maison de ses parents » tout juste disparus, chaque objet, chaque écrit découvert faisant éclater à la surface de sa conscience une bulle de souvenir enfoui.
Vingt ans plus tard, la disparition de son compagnon Maurice Olander, qu’elle évoque pudiquement et tendrement en introduction de cet ouvrage, la replonge à nouveau dans le deuil et dans ce manque qui ne l’a jamais quitté de ses chers parents disparus. Elles ne les évoquent plus cette fois à travers des objets, mais ils deviennent « objets » eux-mêmes de son évocation.
Comment ces rescapés des camps ont pour l’un vécu pour oublier et l’autre choisit de vivre pour ne pas oublier. En les racontant, Lydia Flem les fait revivre raconte leur vie, leur survie, leur résistance, celle impressionnante de sa mère, pourtant juive et « à peine » française…
Avec sobriété, dans un style dénué de pathos, on pense à Sebald furtivement évoqué, elle dresse à ses parents un monument littéraire, donne au souvenir une importance matérielle sous forme d’ouvrage comme l’on dit en couture, profession de sa mère. Sa fille parle de transmission de mémoire plutôt que de devoir: la psychanalyste le fait par l’écriture, car, en effet, l’écrit dure, et, si les Juifs ont survécu aux siècles, y compris à l’épouvantable vingtième, c’est notamment grâce au Livre, à la transmission par l’écrit. Pour Lydia Flem, Que ce soit doux pour les vivants est son Ancien et Nouveau Testament… ou plutôt test aimant.
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