« Vous n’irez jamais sur les traces d’une histoire complètement inventée. » Pourtant grand admirateur de son oeuvre, Olivier Bodart s’est mis en tête de contredire cette phrase prononcée par le plasticien Luc Boltanski vers la fin de Zones à risques: empêtré depuis plusieurs années dans ce premier roman qu’il ne parvient pas à terminer, Bodart retrouve l’inspiration lorsqu’il décide de s’acheminer -dans la vie réelle- vers les lieux mentionnés dans le livre. C’est que l’intrigue principale met aux prises deux employés de la FEMA (Federal Emergency Management Agency), de ceux qu’on dépêche aux quatre coins des États-Unis pour accorder (ou non) l’état de catastrophe naturelle après un drame ayant entraîné des pertes aussi bien matérielles que peut-être humaines (une éruption volcanique dans l’état de Washington, un glissement de terrain en Floride, etc.).
Mat Check et Rook Rope détiennent tous deux un lourd secret, et l’auteur ménage un réel suspense jusque dans les toutes dernières pages. Bodart ajoute au vertige en pénétrant dans sa propre fiction, et le roman devient méta (un des lieux visités se nomme même Meta Lake, et existe vraiment). De son séjour dans la fiction, Bodart reviendra avec quelques « souvenirs » de toutes ces terribles catastrophes, sous la forme de shadow boxes bourrées de fragments divers. « Je crois que je comprends… vous êtes venu frapper à la porte de votre fiction, pour voir si elle pouvait continuer à exister dans votre réalité », lui lance-t-on dans le livre et dans la vraie vie. C’est tout à fait ça, et c’est passionnant.
ROMAN. D’Olivier Bodart, éditions Inculte, 560 pages. ***(*)
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