Auteure britannique d’origine sri-lankaise, Roma Tearne choisit pour raconter le destin d’un immigrant de donner la parole à quatre protagonistes, dont sa compagne anglaise et sa mère tamoule.
Au coeur de l’East Anglia, réfugiée dans ce qui fut une maison de famille et de vacances, Ria, poétesse à l’inspiration minée par l’infertilité, rumine cette malédiction qui la laisse quarantenaire solitaire dans ce paysage plat qu’a même déserté la mer. Au milieu de ce cadre bucolique dont la tranquillité est secouée par des égorgements d’animaux en série, émerge un soir de la rivière toute proche un nageur: une apparition au fil du temps récurrente, qui effraie d’abord cette femme esseulée. Peu à peu pourtant, elle se met à apprécier cette présence fantomatique dont la célibataire va finir par découvrir la vraie nature. Surgi de la nuit, Ben a la peau aussi sombre que Ria l’a laiteuse. Ce médecin tamoul qui a fui le Sri Lanka en guerre est un clandestin en attente de régularisation travaillant gratuitement dans une ferme du voisinage. Ces deux corps « étrangers » vont s’aimer, avant que la peur et la paranoïa ne fassent tout basculer…
Auteure britannique d’origine sri-lankaise, Roma Tearne choisit pour raconter le destin de cet immigrant de donner la parole à quatre protagonistes, dont sa compagne anglaise et sa mère tamoule, qui, tour à tour, racontent un épisode de la fin tragique de l’exilé et ses conséquences. Ce qui permet à l’écrivain de donner corps aux différences culturelles et à l’universalisme des sentiments d’un livre qui est davantage une histoire d’amour que de haine. Car même si en arrière-fond pointent la problématique de la guerre civile au Sri Lanka, de la montée en Occident des extrêmes, de la violence et de l’intolérance notamment religieuse, ce roman émouvant autant -hélas- que visionnaire, à l’écriture fluide, et par nombre d’aspects plutôt déprimant dans son évocation de la folie des hommes, garde au coeur une espérance dans leur humanité… Enfin, surtout celle des femmes.
ROMAN DE ROMA TEARNE, ÉDITIONS ALBIN MICHEL, 374 PAGES.
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