Et pour personnages, les voyageurs montant et descendant à chacun des huit arrêts desservis par les trains aux wagons rouges de la Hankyû, que l’on découvre au printemps à l’aller, pour les retrouver à l’automne pour le retour. Une articulation en miroir permettant à l’autrice d’esquisser diverses trajectoires de vie -le début de l’histoire d’un couple comme la fin prévisible de celle d’un autre, la relation complice d’une grand-mère et sa petite-fille, la femme blessée partie ruiner le mariage de sa rivale…- et de mesurer les changements qui se sont opérés six mois plus tard, les différents récits habitant les passagers se répondant et se contaminant par ailleurs, selon le principe de l’effet domino.
« Les gens qui prennent le train seuls se composent en général une mine indifférente », observe Hiro Arikawa. Masque qu’elle s’emploie à percer, pour disséminer, au gré de ces scènes empruntées à un quotidien ferroviaire d’une banalité trompeuse, des réflexions sur l’existence et une hypothétique quête du bonheur. Vaste perspective, car si « le train se lança avec sa cargaison d’histoires sur son parcours qui n’était pas infini », son champ romanesque semble, lui, ne pas avoir de limites, ouvrant sur un imaginaire multiple comme sur l’horizon intérieur du lecteur. C’est dire si le voyage, plus introspectif que pittoresque en définitive, se révèle délicatement enivrant.
ROMAN. De Hiro Arikawa, éditions Actes Sud, traduit du japonais par Sophie Refle, 192 pages. ****
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