ROMAN | Quel privilège, pour nous pauvres lecteurs, de côtoyer tous ces demi-dieux de l’Olympe scientifique! Ecouter Kurt Gödel nous convaincre avec passion de sa vision théologique du monde, déguster des « Wiener Schnitzels » avec Einstein, s’enfiler un bourbon avec Oppenheimer…
DE YANNICK GRANNEC, ÉDITIONS ANNE CARRIÈRE, 460 PAGES. *****
ROMAN | Quel privilège, pour nous pauvres lecteurs, de côtoyer tous ces demi-dieux de l’Olympe scientifique! Ecouter Kurt Gödel nous convaincre avec passion de sa vision théologique du monde, déguster des « Wiener Schnitzels » avec Einstein, s’enfiler un bourbon avec Oppenheimer… Revers de la médaille, Adèle, l’épouse de Gödel, endure aussi les lubies de son génial mathématicien de mari; c’est elle qui subit ses humeurs vagabondes, son indifférence voire son mépris pour la masse ignare. C’est elle encore qui soigne cet hypocondriaque de haut vol, elle qui donne la becquée à cet anorexique que hantent l’incertitude et le doute. Depuis la Vienne des années 30 jusqu’à Princeton fin des années 70, le lecteur parcourt l’Histoire d’un demi-siècle et les histoires de ces Autrichiens, Allemands ou Polonais hors norme qui ont dû fuir le nazisme puis subir le maccarthisme dans une Amérique puritaine. Adèle Gödel, arrivée au terme de sa vie en 1980, éprouve le besoin de raconter ses joies progressivement raréfiées et sa solitude auprès d’un homme mutique qui s’est pris pour Dieu. C’est Anna, une jeune documentaliste chargée de récupérer les archives du grand homme, qui va lui servir d’oreille attentive… Même ceux que les mathématiques répugnent liront avec intérêt ce premier roman de Yannick Grannec pour se réconcilier avec la logique, la physique et la philosophie. Et pour l’impression qu’il donne d’en sortir un peu plus intelligent, après avoir passé un moment délicieux en compagnie d’Adèle et d’Anna, deux femmes en miroir.
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