HUMOUR | Riad Sattouf en fait-il trop? Cette fois-ci, en tout cas, la magie n’opère pas.
Voilà plus de dix ans que le Franco-Syrien nous fait rire (jaune) en nous racontant des histoires d’adolescents mal dans leur peau dont le seul but est de pouvoir sortir avec des filles. Il nous a fait sourire avec Les Pauvres Aventures de Jérémie, fait rire avec Pascal Brutal, éduqué avec Le Manuel du puceau, halluciné avec La Vie secrète des jeunes et ému avec L’Arabe du futur.Les Cahiers d’Esther semble être un condensé des BD précitées, passé à la lessiveuse et ressorti délavé. L’idée de départ de l’album était pourtant intéressante: en parallèle à ce qu’il avait vécu dans sa jeunesse en Syrie, Sattouf voulait raconter le quotidien d’une gamine de 10 ans en France. Il choisit de se faire le porte-parole de la fille d’un couple d’amis qui lui raconte avec ses mots ce qu’elle comprend du monde qui l’entoure. Il voudrait la suivre ainsi jusqu’à ses 18 ans. Malheureusement, les rêves d’une petite fille de cet âge sont redondants et on se lasse vite du récit répétitif de ses envies. Cela fonctionne-t-il mieux en lecture hebdomadaire, rythme de la prépublication dans L’Obs? Les rêves d’une jeune femme de 15-16 ans seront-ils plus intéressants? Sattouf aurait-il dû attendre quelques années et faire ressortir ainsi un changement plus marqué dans l’évolution de l’enfant? A ce stade, ces questions sont évidemment sans réponse et seule la suite des aventures d’Esther nous le dira. Gageons que le parti pris d’éditer une année de vie de la fillette par album ne soit pas retenu pour la suite du récit. Et laissons quand même à l’auteur sa faculté extraordinaire de caricaturer nos contemporains.
DE RIAD SATTOUF, ÉDITIONS ALLARY, 56 PAGES.
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