Il y a dans le merveilleux monde de la bande dessinée des auteurs que l’on croise depuis longtemps, que l’on sait importants, mais qu’on n’a jamais pratiqués pour une raison ou une autre…
Pourtant, Jason a commencé à une période (bénie?) où il était encore possible de lire toutes les BD qui sortaient, à condition évidemment d’avoir un portefeuille bien garni et une grande maison (ou tout simplement de travailler dans une librairie spécialisée). Mais à l’époque, de jeunes trublions étaient en train de redynamiser le monde du 9e art avec un humour particulièrement efficace, et l’idée de s’attaquer à une ligne claire austère et un scénario entièrement muet, qui donnait à l’ensemble une impression de salle de réfectoire de maison de repos un mardi après-midi, n’était pas très engageante. Bref, il fallut toute la maturité de la quarantaine pour enfin lire cet auteur particulier.
Il se fait que la première BD lue est également la dernière parue. Et quelle claque! Bon d’accord, on ne se fend effectivement pas la pêche, bien que l’humour ne soit jamais très loin. Mais ce qui caractérise le plus l’ambiance de ce recueil de nouvelles, mis à part une certaine mélancolie, c’est la poésie. Elle est présente à tous les niveaux de la narration: dans l’histoire qui donne le titre au recueil, mettant en scène une Frida Kahlo tueuse à gages, mais également dans le montage décousu de la nouvelle qui ouvre l’album. Du point de vue du dessin, l’auteur norvégien ne s’est toujours pas remis de la lecture de Tintin et rien ne semble lui donner envie de changer de style: tant mieux, le mélange d’humour poético-mélancolique sied parfaitement au trait « hergéen ». Les couleurs, qui ont fait leur apparition, sont l’oeuvre de l’excellent Hubert et, pour les amoureux de la lecture, cela fait maintenant longtemps que Jason a découvert à quoi servait le phylactère.
DE JASON, ÉDITIONS CARABAS, 200 PAGES.
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