Jeanette Winterson, Buchet Chastel
Histoires de fantômes
336 pages
Avec FranKISSstein, on connaissait déjà la capacité fluide avec laquelle Jeanette Winterson s’insère dans un mythe pour l’actualiser, le placer en écho d’interrogations ultra-contemporaines.
Et quel plus merveilleux motif que le fantôme pour explorer à la fois l’intemporel et l’actuel? Doté d’une préface éclairante, qui repositionne le spectre comme une figure non seulement anthropologique -depuis le Mexique jusqu’à la Chine et à ses gui, « farceurs et instigateurs de cauchemars« – mais aussi littéraire (en passant par Dante, Dickens et son Conte de Noël ou Henry James et Shirley Jackson), Histoires de fantômes est un recueil hybride qui s’amuse des ingrédients avérés du genre (entre autres des maisons vétustes et des femmes mystérieuses), tout en les parsemant d’épices dont l’autrice a la formule.
Si on frissonne face à l’usage d’un « outil compassionnel » (comprendre: une sorte de deepfake) maintenant l’illusion de vie chez un mari brutalement décédé (App-lication), on rit aussi des échanges de Joni et Frank (elle vivante, lui digitalisé puis revenu la hanter): « J’ai vidé le ballon d’eau chaude » – « Tu n’as pas besoin de douche. Tu n’as pas de corps« . L’autrice dissèque en sus à la fin de chaque section (Appareils, Lieux, Gens, Apparitions) le pouvoir de fascination exercé par ces créatures d’entre-deux. Un cadeau rêvé pour entamer la spooky season.
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