Jan Carson, Sabine Wespieser
Le fantôme de la banquette arrière
320 pages
Jusque-là, nous avions la chance de côtoyer la prose piquante et teintée de surnaturel de Jan Carson dans des formats amples (Les Lanceurs de feu et la collision de deux pères sous tension lors d’un été brûlant; Les Ravissements et son épidémie décimant des gamins décidés à avoir encore voix –d’outre-tombe– au chapitre).
La découvrir comme nouvelliste, c’est plonger la main dans un paquet de seize friandises encore plus cruellement drôles, acidulées avec son sens de l’observation saillant et un goût pour des légendes urbaines ou les personnages retors (comme Victor Soda). Quelques enfants qu’on croise (comme la Caroline de Caravane, persuadée qu’après un peu de labeur estival, elle va avoir un espace à elle) sont ceux qui reviendront hanter Ballylack (ville fictive) dans le deuxième roman de l’autrice.
Si les créatures gélatineuses mortes viennent à envahir le jardin de la narratrice de Méduse, elles sont surtout le signe palpable et poisseux du deuil que traverse son couple, grevé par la culpabilité. On se souviendra aussi longtemps de l’Andrew de Foire d’empoigne, père pour une fois contraint d’emmener ses deux loupiots dans un parc à thème sur-stimulant et qui, dans le tourbillon d’un incident de toboggan, finit par regretter d’avoir accepté –pour satisfaire son épouse– d’élever sa progéniture dans ces terres qu’il juge féroces, plutôt qu’à Londres.
Dans En général, les gens se contentent de lancer des briques, nous voilà dans les rets des préjugés sur l’Irlande du Nord d’une journaliste pas très éthique, venue enquêter sur la photo d’un bébé en feu lors d’une émeute. Une assurance de plus qu’en court comme en long, Jan Carson maîtrise à merveille le point d’incandescence.
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