Marion Fayolle , Gallimard
Du même bois
126 pages
Entre immuabilité et désir de tangente, Marion Fayolle nous ouvre dans Du même bois son album de famille, observé à la lorgnette.
Qu’est-ce qui pousse un jour une illustratrice à la patte appréciée (La Tendresse des pierres, La Maison nue) à s’éloigner de son pré carré en termes de narration? Si Marion Fayolle s’était déjà essayée au seul texte dans Postillons, ça avait été par contrainte pragmatique. Un bébé (un “petitou”) sous le bras, elle avait noté des idées avant de trouver le temps de leur donner trait, puis avait constaté qu’elles pourraient peut-être tenir debout en solo.
Entre immuabilité et désir de tangente, Marion Fayolle nous ouvre dans Du même bois son album de famille des champs transfiguré et observé à la lorgnette, pétri d’une tendresse jamais mièvre. Elle procède à un découpage de cette ruralité vécue en une douzaine de vignettes (la ferme, les saisons, la mort, etc.) qui permettent de donner densité et accent à sa représentation d’un monde paysan au rythme circulaire où humains et bêtes cohabitent. Où naissances de bébés et de veaux se succèdent. Où les inquiétudes que suscitent les premiers (comme la gamine, qui ne mange rien) répondent parfois au tremblement d’un veau fragile. Ses personnages -jusque-là les vaisseaux idéaux de ses images-idées- trouvent ici une incarnation différente. Certains, d’ailleurs, ne demandent que ça: se différencier de leur famille (“c’est vrai qu’elle en a assez des ressemblances avec la mémé”), de leur lignée, d’un grand corps de ferme englobant. Trouver leur propre espace ou voix.
Du même boishttps://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Du-meme-bois est un petit-grand livre, de ceux dont on gardera longtemps en soi l’infra-paysage. De ceux qui “réussissent à (donner à lire) (autant d’histoires, autant de gens) pour inventer encore une chose à soi”.
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