RÉCITS | Il n’est pas bon être enfants d’Afrique aujourd’hui. Le recueil s’ouvre en douceur cependant, puisqu’y plane l’esprit de Noël; mais très vite, l’histoire dérape dans une spirale de violence banalisée où, pour survivre, des enfants attendent fiévreusement leur « beau » cadeau: de la colle « kabire » qui va leur permettre de se défoncer. Puis, sans transition, Uwem Akpan évoque des images insoutenables d’enfants vendus à des exploitants noirs.
Un court moment de répit intervient dans la 3e nouvelle où deux petites filles, l’une chrétienne et l’autre musulmane, vivent une amitié qui n’a pas encore été souillée par les croyances des hommes. Mais là aussi, l’Histoire les rattrapera rapidement. Atterré, le lecteur est alors embarqué de force dans « le bus luxueux », chargé d’assurer le convoi de réfugiés chrétiens du nord du Nigéria vers le sud où ils espèrent trouver la paix. Véritable creuset de tout ce que l’humanité compte de folie, de superstitions et de haine, le bus livrera en pâture à la vindicte populaire un jeune musulman qui tente vainement de dissiper ses doutes. Le récit le plus atroce et le plus poignant est réservé pour la fin, il met en scène un couple mixte « tutsi-hutu », parents de deux petits enfants livrés à la plus bestiale violence, présage funeste des génocides qui ont suivi. Uwem Akpan a su rendre avec émotion et intensité la désolation du continent africain et même si ses récits sont parfois d’inspiration biblique, son statut de prêtre oblige, il évite l’écueil du larmoiement complaisant.
RÉCITS D’UWEM AKPAN, ÉDITIONS BOOKS, 377 PAGES. ****
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