ROMAN | Construit tel un long poème, Ne pas dire est un texte flamboyant, servi dans un livret luxueux et raffiné.
Ne pas dire pour préserver la magie de moments ardents? Un narrateur-témoin observe les variations d’une passion qui emporte deux amants, duel sans merci entre « Lui », un homme incapable de se livrer entièrement au nom de ses « principes » et « Elle », aussi aliénée que lui, en quête de fusion. La parole est dangereuse, elle engage l’avenir, impose des décisions à prendre, provoque la fonte de leur mystère. « Elle » la sent pourtant libératrice mais « lui » préfère le silence et refuse les chaines de l’esclavagisme du désir. Ils caressent la mort; « elle » est anéantie: « tuer pour ressusciter le manque du désir, et ainsi rêver… » Peut-on cependant reconstruire sur les cendres de l’extase? Moment de suspension… On connait cette maison d’éditions située près de Namur pour la beauté de son travail, alliant l’art illustratif, l’écriture, le choix du papier et l’originalité des textes. Dominique Loreau est bruxelloise, cinéaste et professeur à l’ULB (et non l’auteure deL’Art de la simplicité comme nous l’avons indiqué de façon erronée dans le Focus du 19/05 en la confondant avec son homonyme française). Elle instille ici un état de grâce dans le dépouillement de son texte. Certaines « strophes », proches du haïku, nous rappellent que « l’inconnu est toujours plus désirable que le connu ».
Ne pas dire, de Dominique Loreau, Editions Esperluète, 48 pages. ****(*)
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