Colson Whitehead, Albin Michel
La Règle du crime
464 pages
Chez Colson Whitehead, on avait quitté ce drôle de zèbre de Ray Carney au mitan des années soixante avec Harlem Shuffle où le vendeur de meubles et d’électroménager ne pouvait s’empêcher de chipoter avec la pègre locale et magouiller à tout va.
Après la parenthèse de L’Intuitionniste, premier roman réédité dans une nouvelle traduction du double Pulitzer pour Underground Railroad et Nickel Boys, Colson Whitehead revient à New-York en 1971 où ce monte-en-l’air de Carney est décidé à se ranger des voitures le temps de ce grisant La Règle du crime, deuxième volet d’une trilogie de romans noirs. Où l’on retrouve toute la verve et la truculence de l’écrivain dans ce qui s’apparente aussi un hommage à Chester Himes voire à Donald Westlake ou Elmore Leonard, pour les personnages de bras cassés qui jalonnent le récit. Et pour terminer avec le rayon références, citons aussi Jake Lamar pour le sous-texte historique, sociétal et politique, ADN de tout roman noir qui se respecte.
Dans un contexte ultra tendu -niveau record de la criminalité, corruption généralisée et grève des éboueurs- Ray Carney, tout comme l’enfer, et bien que pavé de bonnes intentions, replonge en fricotant avec un flic ripou qui lui promet un ticket pour les Jackson Five au Madison Square Garden par amour pour sa gamine. Construit autour de trois nouvelles reliées par les enroules d’un Carner qui loue sa boutique pour y tourner un film de Blaxploitation, La Règle du crime est facétieux et pittoresque. Entre arnaques à l’assurance -les bâtiments flambent aux quatre coins de la ville- une mairie de New York pervertie, les Black Panthers, des dealers impitoyables, kidnapping et autres bastons gratinés, Colson Whitehead déroule comme à la parade. Réjouissant!
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