Claire Cronin
Les Écrans sanglants
224 pages
Mais c’est quoi ce livre de Claire Cronin? Un essai sur le cinéma d’horreur? Un journal intime? De la poésie?… Laissons le sale boulot aux libraires -car bien évidemment, Les Écrans sanglants, c’est un peu tout cela à la fois.
L’autrice, Claire Cronin, écrivaine, poète, mais aussi musicienne, se fiche bien du rayon dans lequel elle sera rangée. En gros, pour résumer, disons que les films horrifiques constituent le fil rouge du livre. L’autrice leur a d’ailleurs consacré sa thèse. Avec son écriture libre et tout aussi habitée que sa musique, elle propose avant tout un trip halluciné dans sa psyché. « Il vaut mieux éteindre les lumières pour continuer de lire ce livre. » Soit. Alors, entre deux listes -de films d’horreur imaginés, de rêves dérangeants-, Claire Cronin s’épanche sur sa mère, particulièrement dévote, sur la mort violente de sa cousine, sur ces fameuses maisons construites sur un cimetière indien, invoque des esprits et autres fantômes, dont ceux de Roland Barthes, Mark Fisher, Guy Debord ou Jean Baudrillard…
Le texte, déjà naturellement poétique, est entrecoupé de vers troublants de son cru, comme autant d’incantations psalmodiées pour briser la malédiction de sa dépression. « Pouvons-nous craindre les fantômes tout en ne croyant pas à leur existence? », se demande-t-elle dans un chapitre consacré aux vieilles émissions télé sur le paranormal. Car Cronin, qui partage -elle nous le révèle- le même prénom que la sainte patronne de la télévision, gratifie aussi ses lecteurs hagards de passionnantes considérations sur le streaming, ces maudits écrans et leur lumière bleue. On ne pourra s’empêcher de revenir vers ce livre aux vaporeuses effluves de mystère, comme on se ruerait, de plein gré, dans les entrailles d’une maison pourtant notoirement hantée.
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