Chroniques Outremers (tome 3)

VOYAGE | En vrai Breton, le désormais regretté Bruno Le Floc’h ne cachait pas une certaine fascination pour les ambiances marines.

VOYAGE | En vrai Breton, le désormais regretté Bruno Le Floc’h ne cachait pas une certaine fascination pour les ambiances marines. Né en 1957, ce fan de Pilote débute sa carrière dans l’animation, en tant que storyboarder. Après des études d’Art déco à Paris, il travaille sur de nombreuses séries télévisées… Quand il se lance dans la BD en 2003, il le fait pourtant en solo, se chargeant à la fois du scénario et du dessin. La reconnaissance pour son travail est rapide. Avec son deuxième ouvrage, Trois éclats blancs, il reçoit le prix René Goscinny du meilleur scénariste en 2004. Réaliste, ce diptyque évoque la vie et les difficultés d’un ingénieur chargé de construire un phare en Bretagne, au début du siècle dernier. L’humain, la mer et l’histoire avec un grand H qui croise la petite… Voilà trois ingrédients que l’on retrouvera régulièrement dans les récits de Le Floc’h. En 2011, quand il aborde ses Chroniques Outremers , qu’il aura donc l’élégance de clôturer avant de larguer les amarres pour de bon, l’homme du crachin et des cirés jaunes abandonne les eaux froides de la Bretagne pour la chaleur des côtes méditerranéennes. Dans un récit de 160 pages, découpé en trois albums, il parcourt la Première Guerre mondiale en compagnie du capitaine Tana dont le bateau est censé acheminer des armes piquées aux belligérants pour les livrer à la révolution mexicaine. Guerre, espionnage et un chouïa de romantisme seront le quotidien de ce marin qui, atteint d’un mal incurable, sait qu’il ne verra pas la fin du voyage. Comme son auteur. Complet, fin et sensible dans ses histoires et dans son trait, Bruno Le Floc’h s’est éteint le 5 octobre à Nantes, à l’âge de 55 ans.

Avec sa dizaine d’albums finement ciselés, on ne doute pas que le Breton trouve facilement sa place au panthéon des dessinateurs, entre Hugo Pratt et René Sterne. Deux hommes d’aventures et d’océans, comme lui.