CLASSIQUE | Réédité par les éditions Belfond à l’occasion des 60 ans de la mort de son auteur, Caravansérail est le seul roman de Francis Picabia.
Sale gamin épris de liberté, sautant toutes les barrières et faisant un bras d’honneur aux règles de tout poil, l’artiste dada nous dépeint ici une série de petites scènes pas piquées des vers. Avec une truculence et des images bien à lui, ce joyeux drille, aussi doué en peinture qu’en écriture, semble avoir savouré tous les fruits défendus et fréquenté les « antres du diable » tels les bars, les fumeries d’opium et les casinos au bras de quelques maîtresses, bien sûr… Dans cet univers foutraque, on croise Cocteau, Picasso, Aragon et bien d’autres. Voilà un éclairage sur les années 20 qui décoiffe. Les réflexions intelligentes et corsées de Picabia sont intemporelles: « Ce qu’il y a d’idiot chez les mauvais élèves, c’est le mal qu’ils se donnent, malgré tout, pour apprendre les absurdités qu’on leur enseigne. » On jubile quand il parle de « ce jeune littérateur, candidat au génie », venu lui lire son ennuyeux manuscrit. Ou quand il va rendre visite à une ancienne maîtresse devenue amie, avec qui il cause cru et vrai. Picabia n’a pas sa langue en poche. Il est nature, fantaisiste et merveilleusement espiègle. Un homme qu’on aurait aimé avoir comme ami ou comme amant. Un mélange d’Oscar Wilde et de Cartman.
- CLASSIQUE DE FRANCIS PICABIA, ÉDITIONS BELFOND, 188 PAGES.
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