Critique | Livres

Avec Mission Damas, l’ancien expert de la CIA David McCloskey signe un thriller hautement addictif

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David McCloskey © DR

David McCloskey, éditions Seuil/Verso

Mission Damas

576 pages

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Philippe Manche Journaliste

Un tout grand roman d’espionnage que Mission Damas, premier thriller ultra tendu et captivant de David McCloskey, ex-analyste de la CIA pendant la guerre civile syrienne.

De David McCloskey, éditions du Seuil/Verso, traduit de l’anglais (États-Unis) par Johan-Frédérik Hel-Guedj, 576 pages.

Les récentes rééditions des traductions entièrement révisées d’Eric Ambler 
-Le Masque de Dimitrios ou Je ne suis pas un héros-, l’inventeur du roman d’espionnage moderne, aux éditions de l’Olivier ou le carton de Je suis Pilgrim ou de L’Année de la sauterelle de Terry Hayes traduisent l’intérêt incontestable du grand public pour ce genre littéraire popularisé par Ian Fleming, John le Carré ou Robert Littell. Reste que lorsqu’un ancien analyste de la CIA de la trempe de David McCloskey
se met derrière son clavier pour écrire un thriller d’espionnage et de géopolitique bien d’aujourd’hui comme Mission Damas, on n’a qu’une envie une fois ce solide pavé achevé: attendre la sortie des prochaines aventures de son personnage principal Sam Joseph, agent de la CIA, qui se dérouleront à Moscou.

David McCloskey, un auteur aux affaires

Damas, aux premières années du soulèvement syrien. Sam Joseph est coincé dans un embouteillage au milieu d’une capitale au bord du chaos. Sous couverture officieuse et sans immunité diplomatique, il est bien conscient que s’il se fait démasquer à ce barrage par un agent de la moukhabarat, la sécurité syrienne, il disparaîtra aussi sec « dans une geôle au sous-sol« . « Il faudrait être sociopathe pour circuler en pays hostile sans solution de repli et ne pas être sur les nerfs« , écrit McCloskey dès les premières pages de ce thriller pas loin d’être exceptionnel. À peine le temps de se remettre d’une première et grosse suée d’une longue série que sa hiérarchie envoie Sam à Paris. Le but de sa mission? « Retourner » Mariam Haddad, une haute fonctionnaire qui travaille au palais présidentiel et source potentielle de première main de tout ce qui se trame chez Bachar el-Assad et son entourage. Ce qui arrive dans la vraie vie se déroule aussi dans le monde de l’espionnage, Sam et Mariam vont tomber (quasi) instantanément amoureux alors qu’un agent américain disparaît dans la capitale syrienne.

Pour avoir travaillé, nous le disions, à la CIA où il était spécialiste du Moyen-Orient et pour avoir vécu dans la clandestinité à Damas (de 2010 à 2011), David McCloskey connaît bien son affaire. Son thriller hautement addictif, passionnant, intéressant et exaltant est bien sûr une fiction mais une fiction qui s’inspire d’événements réels (l’attaque de l’ambassade des États-Unis, attaques à l’arme chimique…) qui se sont déroulés au cours des deux premières années du soulèvement, soit de 2011 à 2013. La réussite de Mission Damas, on la doit au souci d’authenticité derrière une intrigue emballante où l’auteur maintient l’équilibre entre les explosions de violence (les scènes de torture sont particulièrement gratinées) et un suspense à la limite du supportable sans jamais perdre de vue ses personnages. Si vous cherchez de quoi lire cet été…

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