Aude Picault – L’Air de rien

HUMOUR

Ne cherchons plus, la relève de Jean-Jacques Sempé est définitivement assurée en la personne d’Aude Picault. En dehors du titre et de la couverture, on le remarque particulièrement quand elle s’attaque comme ici aux petites histoires qui croquent la vie quotidienne. Du maître, Aude Picault a retenu deux enseignements majeurs: l’art de l’ellipse et celui de la stylisation. Ils lui permettent tous deux, par des moyens opposés, d’arriver à ses fins: nous faire rire. Le premier est le véritable moteur de son humour, laissant au lecteur le soin d’imaginer tout ce que l’auteure ne dit pas, en amenant la chute. Sa maîtrise du deuxième lui permet de dessiner des trognes et des attitudes pas possibles. Picault réussit également, par quelques dialogues bien sentis à la Bretécher, à nous décrire un personnage avec toutes ses contradictions et ses a priori. S’il fallait trouver un mot qui résume cet album, ce serait bien « paradoxes »; ceux indépendants de notre volonté comme ceux qui nous animent et qui nous font faire des conneries pour la plus grande joie des lecteurs. C’est drôle, bien vu et tout le monde y passe: les enfants et les vieux, les féministes de salon, les misogynes de comptoir, les mères complètement dépassées par leur progéniture, celles qui ont l’assurance de leurs convictions, les pères qui règlent les grands problèmes de la vie par un rot bien sonore et ceux qui n’y arriveront jamais…