« Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil »: un roman troublant de Murakami
Haruki Murakami, Éditions Belfond
Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil
236 pages
En attendant… 2025 et la traduction en français de La Ville et ses murs incertains, son dernier opus paru au Japon il y a quelques mois, les éditions Belfond proposent une nouvelle édition de Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil, roman de Haruki Murakami publié en 1992. Empruntant son titre à une chanson fictive de Nat King Cole, qu’il assortit d’une référence à l’hysteria siberiana, maladie psychiatrique endémique des régions arctiques, le livre a pour héros Hajime, un homme à l’aube de la quarantaine menant une vie ordinaire, heureux propriétaire de deux clubs de jazz de Tokyo, par ailleurs épanoui en famille, qui va se laisser dériver au fil de ses souvenirs. Et de remonter à l’époque de ses 12 ans, et de son amie Shimamoto, enfant unique comme lui; celle avec qui il écoutait Nat King Cole et dont il était amoureux sans avoir jamais osé le lui dire -“J’avais trop conscience de moi-même, j’avais trop peur d’être blessé”. Leurs chemins se sépareront, Hajime poursuivant son éducation sentimentale aux côtés d’Izumi d’abord, de la cousine de cette dernière ensuite, avant d’épouser Yukiko, la mère de ses deux fillettes, et un mode de vie rangé. Équilibre toutefois balayé le soir de pluie où Shimamoto réapparaît au comptoir de son club, un abîme s’ouvrant sous lui alors qu’il se laisse happer par l’aura de mystère entourant la femme dont le souvenir n’avait cessé de le hanter… “L’orientation de notre vie tient parfois à peu de choses”: somme toute commun, le thème des amants “maudits” et de ce qui aurait pu advenir inspire à Murakami un roman intensément troublant, le récit d’une obsession et la quête d’absolu se confondant, sous sa plume affûtée, en quelque ballade de l’impossible d’une stimulante étrangeté…
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