ROMAN
d’Alexis Jenni, éditions Gallimard, 416 pages. ***(*)
Devenu une sorte de romancier « peintre des batailles » pour paraphraser Arturo Pérez-Reverte, Alexis Jenni, prix Goncourt 2011 avec L’Art français de la guerre, avait relaté le combat d’une ville dévastée notamment par les tueurs du Brabant dans La Nuit de Walenhammes. Son nouveau roman, toujours aussi épique, à la limite parfois du venteux genre d’un Laurent Gaudé, reste aussi pictural, et sa phrase imagée, longue et descriptive (voire parfois au bord de l’essoufflement, toutefois). C’est que dans La Conquête des îles de la terre ferme, Jenni nous embarque à la découverte de l’Amérique en compagnie d’Hernán Cortès et de son bataillon d’aventuriers. L’histoire n’est pas contée par Bernal Díaz del Castillo, qu’on remarque pourtant de temps à autre dans la galerie de portraits, mais par Innocent, apprenti prêtre ayant troqué le froc pour le grand foc. Cortès et lui forment un duo à la Don Quichotte-Sancho Pança, à ceci près qu’ils ne combattent pas des moulins… mais des Indiens. Très documentée, cette histoire romancée dresse un portrait sans concession, mais pas sans nuances, des sociétés espagnoles et indiennes, donnant de Cortès l’image d’un génie -ni bon ni mauvais- de la stratégie et de la diplomatie, cruel quand c’est nécessaire, mais pas plus que les Aztèques eux-mêmes. Et si le roman a du mal à quitter le rivage, une fois à flot, le souffle de l’histoire fait bel et bien voguer l’entreprise…
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