banlieues filmiques – Un ouvrage passe au crible les génériques des films de onze cinéastes majeurs pour apporter un éclairage inédit sur leur ouvre. Passionnant.

Collectif sous la direction d ‘Alexandre Tylski, éditions L’Harmattan. 280 pages.

T out véritable auteur de films marque ceux-ci de sa griffe dès leur générique d’ouverture« . Posé par Michel Cieutat dans l’analyse qu’il consacre au cinéma de Martin Scorsese, ce constat sous-tend cet ouvrage collectif qui s’attache aux banlieues filmiques, suivant l’expression de son coordinateur, Alexandre Tylski. L’entreprise se révèle passionnante (même si parfois ardue), tant les génériques, pourtant indissociables de l’£uvre, sont rarement l’objet d’analyses systématiques. Lacune que comblent ici onze académiciens qui s’emploient à éclairer le travail de cinéastes à travers ce prisme tout particulier, l’étude englobant notamment l’£uvre de Claire Denis, Tim Burton, Rainer Werner Fassbinder, Roman Polanski, Steven Spielberg, Marco Ferreri et autre Takeshi Kitano.

BAMBI CHEZ LES COEN

Multiple, l’intérêt de l’ouvrage réside dans l’acuité du propos mais aussi dans la diversité des approches qu’il autorise. S’agissant d’Almodovar, par exemple, Jean-Max Méjean livre un travail théorique étonnant. Son point de vue est, il est vrai, peu banal, puisque l’auteur part du postulat que  » le cinéma de Pedro Almodovar n’est qu’une manière obstinée et finalement conventionnelle de se mettre en ordre » .

Parmi les diverses contributions, on saluera également celle, plus classique, de Ludovic Graillat sur Caro & Jeunet, la plongée dans l’univers des réalisateurs de Delicatessen étant étayée par une interview de Marc Caro. Ou encore l’exceptionnelle analyse que propose Frédéric Astruc du cinéma des frères Coen, entre rapprochements audacieux – l’auteur démontre la parenté entre l’ouverture de Barton Fink et celle de… Bambi – et affirmation d’une  » postmodernité coenienne » s’exprimant dès l’entame de leurs films . « Sans renier totalement le présent, les frères Coen personnifient une forme de résistance qui élève le passé en source vitale et inépuisable de leur cinéma », écrit l’auteur dans sa conclusion. La démonstration, si besoin en était, que le générique est bel et bien un outil signifiant de lecture de l’£uvre…

www.generique-cinema.net

JEAN-FRANçOIS PLUIJGERS

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