Les Ardentes J3: IAM + MIA à la racine carrée

M.I.A. © Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Au programme des Ardentes, samedi soir: des voyelles, des consonnes, et à la fin c’est Stromae qui gagne.

Liège, début de soirée. Flottera, flottera pas? Sur la plaine des Ardentes, on zigzague entre les îlots de boue et mise tout sur le concert d’IAM. Le soleil et la chaleur de Marseille en bord de Meuse, ça doit le faire. Par esprit de contrariété, la météo pisse brièvement quelques litres quand le groupe lâche le Bad Boys de Marseille made by Fonky Family. Un classique dans un set qui les enchaînera les uns après les autres. L’an dernier, les parrains phocéens du French rap ont sorti pas moins de deux albums – en tout point recommandables, valant en tout cas bien davantage que le syndrome complaisant du disque « digne-qui-ne-fait-pas-tache-dans-la-discographie-mais-dont-tout-le-monde-se-fout ». Parce que c’est vrai que d’Arts martiens, tout le monde a l’air de se foutre ici, le groupe en premier d’ailleurs. Il y a bien un morceau comme Les raisons de la colère, mais pour le reste, le concert aligne les incontournables. La saga, L’empire du côté obscur, le banc ressorti au milieu de la scène pour Demain, c’est loin… Les 9 minutes du meilleur morceau de l’histoire du rap français (?) sont disséquées, hachées menu, pour mieux en faire ressortir la pertinence, encore et toujours, 17 ans après sa sortie. « La vie est coriace, on lutte comme on peut », crache Shurik’n. Le Mia enchaîne, puis Petit frère repris en choeur pour le finale. Il y a quelques années, un tel concert aurait peut-être reçu un accueil poli dans les Halles. Samedi soir, sur la scène principale, IAM a mis tout le monde d’accord, alignant les classiques sans jamais passer pour des vieilles gloires sur le retour ou donner l’impression de rabâcher dans le vide.

Dans le HF6, on garde les mêmes lettres, mais dans le désordre. Que pouvait-on encore attendre de M.I.A? Des t-shirts/tunique en pure soie, à dégoter au stand merchandising (la centaine d’euros quand même). Quoi d’autre? Un gloubigoulba alter-politique énervé – « We have a message for you », annonce la star britannico-tamoule, avant que les écrans hystériques ne trafiquent le logo de Google, annonçant plus tard « 1984 is now ». Ce que l’on n’attendait pas, par contre, c’est le souk que la star (on en est une quand on chante avec Madonna au Superbowl, non?) allait s’échiner à mettre. Ça démarre avec Bucky Done Gun, rythme soutenu, deux danseurs et une chanteuse en appui. Lunettes noires, toge dorée, M.I.A suit et lance la charge. Entre secousses kuduro et harcèlement baile funk, on a à peine le temps de souffler.

Certes, ce n’est pas toujours très fin (une touche d’EDM virant quasi au gabber, beurk). Par ailleurs, M.I.A a toujours autant de mal à faire passer quelque chose qui ressemblerait à de l’émotion. Si on se prend au jeu, le show pourtant fonctionne. « We need some people on stage », propose-t-elle. Et la scène bientôt envahie de partir en vrille sur Boyz. Le tube Paper Planes arrive en fin de set, avant Bad Girls. « Live fast, die young », tandis que défilent des images de grosses bagnoles en plein rodéos dans le désert arabe, façon Fast & Furious VS Rock the Casbah. Après une heure, la propagande est dite. Un poil éreintante certes. L’après-midi même, après l’annonce du décès du batteur originel du groupe, on revoyait des vieilles images des Ramones, se disant que leurs concerts devaient être aussi enthousiasmants que fatigants. A vrai dire, ce fut aussi un peu le cas de M.I.A, samedi soir.

« Tout le monde chez M.I.A, on boycotte Stromae! », a-t-on pu entendre à Liège. L’overdose n’est en effet pas loin, y compris pour l’intéressé. Cela n’a pas empêché les Ardentes de lui faire la fête – on a rarement/jamais vu la plaine liégeoise s’emballer comme ça – et Stromae de livrer à nouveau un set impeccable. Inventif, intelligemment populaire, galvanisant, blablabla. Plus long qu’à Werchter, le set se permettra encore l’instrumental Merci, avant que Paul Van Haver et ses 4 musiciens ne reviennent sur le devant de scène pour reprendre Tous les mêmes acapella. La grande classe, on vous dit.

>> Les photos des concerts de Stromae, M.I.A…

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