Le monde de Sophie
A 13 ans à peine, Sophie Nélisse confirme avec The Book Thief qu’elle est l’un des grands espoirs du cinéma nord-américain de demain.
« Je me suis présentée dans une agence de casting quand j’avais environ 8 ans. Pas forcément par envie. L’idée était plutôt de ramener de l’argent pour payer mes entraînements de gymnastique. J’ai auditionné avec mon frère et ma petite soeur (Isabelle Nélisse, que l’on a pu voir, depuis, en gamine perturbée dans le film d’horreur Mama, ndlr). Un an plus tard, j’ai décroché un des rôles principaux du film de Philippe Falardeau, Monsieur Lazhar. L’expérience m’a bien plu. Et voilà. »
Racontés comme ça, évidemment, la vie et ses aléas semblent couler de source, et devenir actrice au Canada puis à Hollywood semble relever de la simplicité la plus élémentaire. Pourtant, le pas n’a pas forcément été facile à franchir pour Sophie Nélisse, jeune Montréalaise affichant aujourd’hui 13 ans au compteur. « Je m’entraînais 30 heures par semaine dans l’espoir d’arriver au top pour les Jeux Olympiques de Rio en 2016. Mais j’étais justement blessée quand l’option cinéma s’est présentée à moi. J’avais des problèmes avec ma cheville et j’en étais au point où je ne savais plus trop si je voulais consentir à faire tous ces sacrifices pour « peut-être » aller aux JO. Je me suis dit que je pourrais m’amuser sur un plateau de cinéma, c’est plus relax, il n’y a pas de stress, il ne faut pas se faire violence… Du coup, je me suis lancée. La décision n’a pas été facile pour autant. La gym me manque toujours un peu. Je suis très compétitive, j’ai toujours eu l’habitude d’être la meilleure dans tout ce que j’entreprends. Désormais, je fais du hockey sur glace et du football en marge des tournages, ça demande moins d’investissement. »
A livre ouvert
Dans The Book Thief, adaptation du best-seller de Markus Zusak, Sophie Nélisse incarne Liesel, jeune illettrée que l’apprentissage de l’alphabet aidera bientôt à surmonter les tourments de la guerre, allant jusqu’à voler pour étancher sa soif grandissante de lecture. « Ce que j’aime chez Liesel, c’est cette aptitude à rester positive jusque dans les situations les plus difficiles. Elle est décidée, pas du genre à laisser tomber. Je pense que nous avons beaucoup en commun. J’adore lire également, mais pas au point de voler des bouquins. Même s’il se trouve que je l’ai effectivement fait durant le tournage. C’était l’anniversaire d’un gars de l’équipe et je n’avais pas de cadeau. Alors je n’ai rien trouvé de mieux à faire que d’aller piquer trois livres au bas de notre hôtel. Une semaine après, j’ai appris que ma mère les avait payés, le vol ayant été signalé aux responsables de l’hôtel. Au pire, j’aurais pu dire que je m’exerçais pour mon rôle… »
Pour l’heure, celle qui voue un véritable culte à Meryl Streep et enchaîne les tournages -on la verra dans Pawn Sacrifice d’Edward Zwick, avec Tobey Maguire, puis dans The Great Gilly Hopkins, où elle donnera la réplique à Kathy Bates et Glenn Close- n’en continue pas moins d’aller à l’école, avec l’ambition de peut-être devenir un jour physiothérapeute. « Je place désormais beaucoup d’espoir dans ma carrière d’actrice mais je ne veux pas me retrouver désemparée si, un jour, on ne me propose plus de rôles. Et puis je veux être intelligente. Regardez Leonardo DiCaprio, c’est un bon acteur mais il a aussi l’air intelligent. Matthew McConaughey est excellent également, mais disons qu’il a l’air un peu moins intelligent… »
RENCONTRE NICOLAS CLÉMENT, À BERLIN
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