[Le film de la semaine] Room, au nom de la mère
DRAME | Dans ce film qui a valu à Brie Larson l’Oscar d’interprétation féminine, l’actrice, dans le rôle d’une jeune mère séquestrée avec son enfant, signe une prestation 24 carats.
A cinq ans, Jack (Jacob Tremblay) n’a jamais connu pour environnement qu’un cabanon de jardin où lui et sa mère, Ma (Brie Larson), vivent prisonniers. Et d’occuper leurs journées de diverses routines entrecoupées de jeux, le gamin évoluant dans un monde imaginaire limité aux quatre murs de cette chambre où un homme mystérieux rejoint parfois sa mère, contrainte, la nuit. Jusqu’au jour où celle-ci, n’y tenant plus, annonce à l’enfant qu’il y a un autre monde, immense, qui l’attend à l’extérieur, et décide d’organiser leur évasion au prix d’un plan audacieux…
A l’origine du film de Lenny Abrahamson (Frank), il y a un best-seller d’Emma Donoghue, lui-même lointainement inspiré d’un fait divers glauque, l’affaire Fritzl, du nom d’une femme enfermée et violée par son père pendant 24 ans. Autant dire qu’il y avait là un sujet casse-patte par excellence, que le réalisateur irlandais, brouillant habilement les pistes, réussit à emmener en terrain particulièrement stimulant. S’il s’ouvre à la manière d’un thriller psychologique angoissant, huis clos étouffant où affleurent bientôt la rage sinon le désespoir en un crescendo de tension, Room parle aussi d’autre chose, et notamment de la force du lien maternel comme des difficultés d’une hypothétique reconstruction. S’en tenant à une mise en scène économe et rigoureuse, Abrahamson refuse la facilité, ne bridant pas l’émotion sans pour autant verser dans le pathos, le film n’y perdant rien en intensité. Mieux même, porté par l’exceptionnelle alchimie et le talent de ses deux jeunes comédiens, Room trouve des accents d’une profonde et poignante justesse, drame sensibleparadoxalement porté vers la lumière. Fort.
De Lenny Abrahamson. Avec Brie Larson, Jacob Tremblay, Joan Allen. 1h58. Sortie: 02/03.
Dans le Focus du 4 mars, nos interviews de Brie Larson et de Lenny Abrahamson.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici