Le dictateur qui ne voulait pas mourir

Dans une Roumanie contemporaine considérée avec condescendance à l’international, un dictateur chenu oeuvre pour ramener du passé Michel Le Brave (1558-1601), symbole historique d’union et de victoires militaires écrasantes. Alors que la cérémonie de résurrection est en pleins préparatifs, le Président, secondé par Yacinthe Popescu (seul homme de confiance mais sournois en diable), convoque ses dignitaires pour les avertir. Tous rendus dociles grâce à la flatterie ou à la terreur, bien peu avancent des arguments de poids pour empêcher cette folie. Mais la drôlerie tangible de cette satire politique fantasque perdrait de son sel si chacun -à commencer par le dictateur, qui se fantasme immortel- n’avait, derrière cette façade obséquieuse, un agenda secret. Qui du Capitaine (ennemi juré), de l’Académicien (tout juste en poste) ou du Patriarche (pour qui on ne se mesure pas à Dieu) placera le mieux ses pions? Et quelle est la garantie que Michel Le Brave arrive entier? L’ex-journaliste Bogdan Teodorescu divertit, instruit et dessille nos mirettes par ses rebonds. On regrettera uniquement que tous ces messieurs à la félonie à double-fond fassent si peu de cas des femmes: qui sait si leur entregent n’aurait pas pu provoquer une autre issue pour cette contrée  » où la sauvagerie frappe littéralement à la porte« ?

De Bogdan Teodorescu, éditions Agullo, traduit du roumain par Jean-Louis Curiol, 192 pages.

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