Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Jouir sans entrave – Pascal Thomas revient à Agatha Christie pour une partie de plaisir où Catherine Frot et André Dussollier se montrent plus complices que jamais.

De Pascal Thomas. Avec Catherine Frot, André Dussollier, Claude Rich. 1 h 49. Sortie: 12/11.

On ne change pas une équipe qui gagne! Pascal Thomas ne fait pas mentir l’adage en revenant à l’univers d’Agatha Christie dans l’excellente compagnie de Prudence et Bélisaire Beresford, autrement dit Catherine Frot et André Dussollier. Trois ans après Mon petit doigt m’a dit, surprenant succès populaire, la combinaison s’avère une nouvelle fois gagnante. Parce que la manière décalée qu’a Thomas d’adapter la grande dame anglaise du roman criminel à énigme fait décidément merveille. Parce qu’aussi ses interprètes principaux, bien dans leur rôle de fine mouche passionnée de mystère et d’ex-agent secret forcé de suivre le mouvement, sont toujours au sommet de leur art. Et aussi, peut-être surtout, parce que le cinéaste et son équipe créent une de ces bulles artistiques échappant au réel pour composer un univers en soi, un petit monde tout entier dévolu au plaisir communicatif, partagé, jubilatoire…

Un crime s’est donc produit dans un train en pleine course. D’un autre train qui croisait justement le premier, la tante belge de Prudence (pétulante Annie Cordy) a tout vu. Ou cru tout voir. Sa parente a beau être assurément foldingue, la nièce en mal d’enquête criminelle va vouloir percer un mystère qui s’annonce passionnant. Bientôt, elle se retrouvera dans une vaste demeure qu’habite un vieux grigou (savoureux Claude Rich) dont la famille attend l’héritage…

Le plaisir en partage

Catherine Frot, une fois de plus éblouissante, a déclaré à un Pascal Thomas très flatté:  » Vous êtes mon Blake Edwards. » Si le cinéaste français a le rythme comique moins élevé que le réalisateur de La Party, il partage avec lui un sens aigu de ce qui peut rendre le spectateur complice du spectacle qu’il déguste.  » Le secret? Simplement prendre du plaisir et l’offrir en partage« , clame un cinéaste parvenu à la maturité sans oublier ce que l’on disait dans son Poitou natal:  » Joyeux fais ton fourbi! »  » La Vie est bien trop courte pour ne pas constamment s’amuser, pour ne pas se recréer comme le font les enfants, tout à leurs désirs et faisant fi de tout ce qui peut y faire obstacle. »  » Jouir sans entrave« , un des slogans les plus mémorables s’affichant sur les murs en mai 1968, semble inspirer la filmographie de celui qui, dès Les Zozos en 1972, optait pour un cinéma largement ouvert aux (ré)jouissances.

 » J’aime la substance même du cinéma, lequel vous permet de créer un monde commedans Le Crime est notre affaire, poursuit Pascal Thomas. La mécanique criminelle empruntée à Agatha Christie n’est qu’un prétexte pour y parvenir, une rampe comme disait Simenon. »

De Catherine Frot, son actrice fétiche depuis La Dilettante en 1999, le réalisateur explique qu’elle est  » tout sauf… dilettante, mais toute en retenue, finesse, allure, élégance et fantaisie« . Des qualités que Thomas retrouve aussi chez Olivier Gourmet, et qui lui fait conclure:  » Je n’aime pas les acteurs qui se débondent, qui hurlent, font du boucan! J’aime les acteurs qui se retiennent. »

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Louis Danvers

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