LaSemo J3: des Ogres et des djembés

Amadou et Mariam à LaSemo 2013 © Chloé Glad
Stagiaire Le Vif

Après Roscoe, les Ogres de Barback et les Déménageurs, le festival LaSemo s’est terminé en apothéose avec Amadou et Mariam, ultime concert de cette sixième édition. Exactement ce qu’il fallait au festival pour laisser aux visiteurs un petit goût de « revenez-y ».

Pensant naïvement profiter d’un énième talent, on s’approche de la petite scène, dimanche en fin d’après-midi. Le choc. On y découvre non pas de fiers et forts adultes, mais un tapis de bambins. Il est pourtant déjà 19h, l’heure du coucher, l’heure de la panade, l’heure de Dieu-ne-sait-quel-caprice. Personne ne nous a prévenus que Les Déménageurs s’adressent en fait à un public entre 0 et 5 ans, et on se retrouve coincé au milieu d’une marée de leprechauns hyperkinétiques.

Certes, la prestation est de qualité. En témoignent les rires et cris satisfaits des petits humanoïdes à l’écoute des contes chantés. Mais la solide barrière de l’âge plombe malgré tout notre enthousiasme. A moins qu’il ne s’agisse d’autre chose? Car l’instant d’après, l’histoire surréaliste du bouton de varicelle qui voulait jouer du violoncelle des Ogres de Barback passe plutôt bien.

Les quatre frères et soeurs tourbillonnent au milieu d’une quinzaine d’instruments, tous maniés avec une dextérité quasi surnaturelle. Tuba, banjo, flûte traversière, piano, trompette… On est en train d’assister à l’un de ces concerts décapants qui laissent des étoiles dans les yeux. Les tableaux sonores sont variés, mais toujours cohérents avec l’univers des Français, nourris à la musique tzigane. Le plus bel instrument des Ogres de Barback reste néanmoins et incontestablement… Son public. Sa voix lointaine et vibrante s’élève et accompagne les rimes des Français presque systématiquement.

Une telle proximité ne se retrouve pas avec les Liégeois de Roscoe. Ils ne sont pas fautifs. Le problème vient du côté herbacé. Le soleil déclinant aurait-il endormi la foule? Le registre musical sombre du quintet, diamétralement opposé à celui de la joyeuse fratrie, serait-il la cause de cet engourdissement? Leurs morceaux oniriques, quelquefois chamaniques, sont pourtant très bons. Que se passe-t-il au Pavillon? On n’identifie pas très bien l’origine du couac. Et on surprend le regard dépité que s’échangent les musiciens, annonciateur d’une prestation en solitaire. Les garçons se ferment, faute d’un public plus réceptif. Parfois même, ils nous tournent le dos. Leurs derniers accords vaporeux lâchés, ils s’échappent très vite de la scène, applaudis là encore beaucoup trop légèrement par les festivaliers.

Quand aux alentours de 22h20, Amadou et Mariam entament le dernier concert du festival, cette léthargie semble soudain bien lointaine. Les spectateurs sont regonflés à bloc par les « yeaaah » de Mariam, les premiers d’une longue série. Pas étonnant, on savait que ceux que l’on surnomme affectueusement « le couple aveugle du Mali » allaient nous faire bouger sur leurs mélodies solaires. Ce que l’on ne savait par contre pas, c’est qu’Amadou est un musicien hors pair. A la fin de chaque morceau, ses doigts agiles courent le long de sa guitare dans un solo mené à un rythme de folie. Autre chose que l’on ne savait pas: le reste de la team est tout aussi brillante que les deux artistes. Mention spéciale au djembefola ultra speed qui, les dreadlocks dans les yeux, a réussi à nous faire sautiller pendant plus d’une heure. Méritent aussi d’être citées les deux infatigables choristes qui ont enchaîné les chorégraphies de danse africaine tout aussi longtemps. Le tube Dimanche à Bamako est parfait. Amadou et Mariam enchaînent avec La Réalité, le djembé repart de plus belle, nos pieds suivent la cadence. Les Maliens ont amené avec eux l’esprit généreux de l’Afrique. Et l’on n’aurait pu rêver d’un point final plus pertinent à cette sixième édition de LaSemo.

C.G.

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