Critique | Musique

[L’album de la semaine] Klaus Johann Grobe – Spagat der Liebe

Klaus Johann Grobe © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

POP | Les petits Suisses de Klaus Johann Grobe prennent le soleil et font danser l’Allemand en mode pop disco kraut.

« Je parle espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes et allemand à mon cheval », disait déjà il y a 500 ans Charles Quint. Avec tout le respect qu’on doit à Einstürzende Neubauten, Grauzone, Nena et Rammstein, le teuton n’est pas vraiment la langue la plus sexy du rock et de la pop music. C’est pourtant celle, maternelle, qu’ont choisie Daniel Bachmann et Sevi Landolt pour accompagner les dansantes mélodies de leur duo Klaus Johann Grobe.

Influencés par le krautrock, la musique psychédélique et les années 70 comme l’électro goth new wave des années 80, le batteur de Zurich et le claviériste de Bâle avaient sorti en 2014 avec Im Sinne der Zeit un premier album irréprochable de pop motorique en cave, dansant mais éclairé à la lumière blafarde des néons. Avec son successeur, Spagat der Liebe, les deux Helvètes (qui s’accompagnent sur scène d’un bassiste) montent faire la fête au soleil.

Grands collectionneurs de disques, Bachmann et Landolt se sont saoulés à la disco cheesy d’antan (pas mal de Marc Cerrone notamment) pour faire bronzer leur pop choucroute…

Après avoir sué ensemble sans trop de succès dans des groupes de jazz-funk, de garage, de surf et autres projets à dimensions plus électroniques, les deux potes semblent avoir trouvé la formule magique avec Klaus Johann Grobe. Un peu de Stereolab, une pincée d’ESG, quelques gouttes de Neu!… Il y a un peu de tout ça dans la musique entraînante et vintage de ces métronomiques trentenaires réglés comme des horloges suisses.

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Exotisme germanique

Alors que tout le monde se met à taper sur le dos de ses banquiers, de son système de fraude fiscale institutionnalisé destiné à ses riches clients étrangers, Klaus Johann Grobe va vous réconcilier avec la Suisse, les chocolats Suchard, les montres Tissot et les vacances de neige à St. Moritz… Fortement inspiré par la musique électronique expérimentale des années 60 et 70 en Allemagne de l’Ouest, KJB propose une pop remuante et groovy, cosmique aussi, qui devrait taper dans l’oreille des fans de The Whitest Boy Alive et Caribou et faire hocher de la tête ceux de Fujiya & Miyagi. En dix titres à l’exotisme germanique (il y en a même un avec de la flûte) qui battent tranquillement le rappel au dancefloor, Klaus Johann Grobe renforce son identité singulière et envoie aux oubliettes le statut de neutralité. Loin de tous les serial copieurs qui hantent les ondes et trustent les couv’ des magazines. « On ne gère pas notre booking, on n’envoie pas nos disques et on n’est pas vraiment capables de traduire nos paroles, annonce le duo sur son site Internet. Mais on peut vous donner toutes sortes de conseils, vous dire avec quel matos on travaille et répondre à tout type de questions… » Ça se dit comment « félicitations » en teuton?

DISTRIBUÉ PAR TROUBLE IN MIND/KONKURRENT.

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