Militant écolo, Tom Kestens mélange ses préoccupations globales avec ses tourments intimes. Le tout façon soul seventies. What’s going on?…
Tom Kestens est penché sur son PC portable. Le matin même, Obama a été élu 44e président des Etats-Unis. » Je n’ai pas encore eu le temps de voir son discours« , explique-t-il, des étincelles dans les yeux. Quelques mois plus tôt, Kestens était sur place pour enregistrer une partie de The Runner, son nouvel album (chez Pias). Le second depuis qu’il a quitté Das Pop et pris le nom de Lalalover. Un changement important. Son premier groupe confectionnait une pop juteuse à souhait. Son actuel pseudonyme le voit préférer la soul soyeuse, tendance Marvin Gaye.
Studio écolo
Pourtant, c’est bien dans un studio de Nashville, la Mecque de la country, que le Malinois a lancé les bases de son nouveau disque. » Une ville incroyable. Là-bas, la musique est vraiment prise au sérieux. Vous avez envie d’un wurlitzer (Ndlr, une piano électrique) rouge de 1973? Pas de problème: il suffit de téléphoner à une firme de location, et une demi-heure plus tard, il est là. » Le revers de la médaille? » C’est un vrai business. Il n’est même pas question de parler au manager du studio, tant qu’il n’y a pas d’argent sur la table. Le discours, c’est: Vire les dollars sur mon compte, et on sera les meilleurs amis du monde pendant 15 jours. »
Tom Kestens reviendra des States avec cinq chansons en boîte. Les autres, il les enregistrera au Hypestudio, à Malines. Particularité de l’endroit: des panneaux voltaïques lui permettent de fonctionner à l’énergie solaire. Un atout considérable pour celui qui s’est présenté sur la liste Groen! aux dernières élections législatives et a fondé l’asbl People For Earth. Sur Rebel Blood, Kestens pose la question de la mobilisation citoyenne, en particulier chez les jeunes. » Il ne s’agit pas d’immobilisme ou d’indifférence. Ils sont en train de faire cette révolution personnelle sur l’Internet. Il y a tellement de canaux d’information que beaucoup se disent qu’il vaut mieux commencer petit, avec ses amis, dans sa ville, et ne pas avoir l’ambition de changer le monde. Ils sont plus réalistes. Manifester dans la rue ne leur dit rien. Ils préfèrent faire des choses concrètes. »
A ses considérations globales, Tom Kestens a mêlé cependant des troubles plus intimes, un peu à la manière de ses maîtres soul. Rien de dramatique, mais de quoi remettre les choses en perspective. » C’est très cliché, mais en faisant un peu le bilan de ma vie, je me suis rendu compte que j’avais trop couru vers un horizon qui n’existe pas. Tout le monde est dans cette course. Je l’ai surtout réalisé quand mon fils est tombé malade. Il a dû rester à l’hôpital pendant plus d’un mois. Cela m’a obligé à revoir tout mon agenda et reporter le disque, annuler des concerts…. Ma vie n’était pas organisée pour ce genre d’événement. J’y ai perdu des amis, ou en tout cas des collègues, avec qui je faisais de la musique depuis trois ans, et qui ont préféré reprendre leur route… »
Trentenaire agité rattrapé par la vie – » mais c’est peut-être simplement l’âge aussi » -, Tom Kestens se veut plus serein. Même s’il sait qu’être artiste a un coût. Financier: » On a mis toutes nos économies dans cette petite galette ronde… C’est insensé, en fait. » Mais pas seulement: » Sur la pochette du disque, je me cache les yeux. Parce que c’est cette naïveté, cette course un peu vaine et aveugle, qui fait aussi de vous un artiste. »
Laurent Hoebrechts
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici