Pour l’aider dans sa tâche, Joann Sfar a fait appel à Gilles Verlant, expert de Gainsbourg. Histoire de creuser la vérité du personnage. Pour pouvoir mieux raconter ses petits mensonges…

Il fallait forcément qu’il soit de la partie. Auteur de ce qui reste la biographie de référence de Gainsbourg, Gilles Verlant est de la tournée promo du film. L’occasion de revenir sur ses terres natales pour le plus Parisien des Belges, ou inversement. Lui, l’homme d’écrit, de radio, de télé, qui se définit aujourd’hui volontiers comme un auteur « avec des poussées de journalisme ». Pour le coup, c’est comme consultant que Joann Sfar a convoqué Gilles Verlant. « J’étais trop content de pouvoir l’aider! Quand il m’a envoyé le scénario, j’ai trouvé ça culotté, tellement casse-gueule. Voilà le premier film d’un mec auteur de BD, qui n’a jamais tenu une caméra de sa vie. Et qui consacre un film à un trésor national, dont il confie le rôle principal à un acteur quasi inconnu au cinéma… »

A Verlant de jouer donc un peu le rôle de garde-fou, ou en tout cas de cadre de référence. Quitte à mieux s’en éloigner par la suite. « Le fait est que les réponses aux éventuelles questions se trouvaient déjà dans le livre. Joann l’a lui-même lu, et relu, pour mieux s’en détacher. Moi qui avais passé une partie de mon temps à démonter les petits arrangemets que Gainsbourg avait fait avec la réalité… » (rires). Par exemple? « Gamin, il passe les 5 premiers mois de 44 dans un collège du côté de Limoges. Gainsbourg raconte plus tard que, pour échapper à une rafle, le directeur de l’école l’envoie dans la forêt, lui confiant même une hache pour faire croire qu’il est le fils du bûcheron. Sans doute a-t-il dû en effet se cacher dans les sous-bois. Mais de là à avoir passé 3 jours et 3 nuits dans une forêt sombre avec le hullulement lugubre des hiboux, je n’en crois rien. Il n’y a même pas de forêt à proximité du collège en question, et il n’y en avait pas davantage en 44! Mais comme l’histoire est jolie, Sfar l’a reprise et adaptée à sa sauce. »

Mais encore? « Un autre biographe a inventé que le jeune Lucien Ginsburg a été chercher lui-même son étoile jaune. Historiquement, c’est absurde: c’est le père de famille qui allait chercher les étoiles pour tout le monde. Mais ce n’est pas grave, on s’en fout. Sfar a gardé l’anecdote parce que cela permet d’installer le Gainsbourg provocateur. » En exergue de son film, le réalisateur prévient d’ailleurs s’être moins attaché à la vérité qu’aux petits mensonges de Gainsbourg. A se demander finalement à quoi a servi Gilles Verlant…  » En tout cas, pas à jouer le Politburo, rigole-t-il. Je crois aussi que si Joann avait fait un mauvais film, je ne serais pas non plus là, à en parler. Je l’accompagne parce qu’il s’est inspiré de mon bouquin et qu’il a eu la gentillesse de le dire et de le répéter. Il y a un tel engouement autour du film que je me retrouve à enchaîner les émissions à la télé, en radio. » Avant d’ajouter: « Et pour être honnête, si je peux vendre quelques exemplaires en plus de mon bouquin, je serais ravi. Je suis indépendant, donc si on parle de moi, on vient m’offrir du boulot. » C’est dit cash, on dirait presque du Gainsbourg…

L.H.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content