La french pop de JP Nataf

Venu défendre son brillant deuxième album solo, JP Nataf (ex-Innocents) était mercredi soir à la Rotonde. Impressions.

On ne l’a pas reconnue tout de suite, mais c’est bien elle. Aux côtés de JP Nataf, Jill Caplan est venue taper du tabourin et pousser du choeur. Le morceau, c’est Seul Alone, dernier avant les rappels, chanson-fleuve qui déborde encore des 10 minutes du disque -ben oui quand même…  » So seul alone « , chante JP Nataf, peut-être pas vraiment seul, mais comme Caplan, bien à la marge de la chanson française après avoir occupé le centre des débats.

C’était avec les Innocents et leur French pop éclairée, dans le courant des années 90. Depuis, Nataf vogue solo, sur les même traces et en même temps complètement à distance de son ancienne équipée. Exemple avec le récent Clair, deuxième virée inépuisable, tout en ravines et sillons mélodiques. L’obsession pop est toujours là, mais ne se fantasme plus de la même manière. A la ligne… claire, a succédé une sorte de mangrove musicale grouillante. Le genre de paysage qui change de couleur en permanence, tout au long de la journée. La musique de JP Nataf est ainsi devenue une sorte d’humus qui impressionne par les émotions qui viennent s’y planter et pousser.

Tout ça pour dire qu’une chanson comme, au hasard, Monkey grandit encore, une fois qu’elle monte sur scène, passée entre les mains de Nataf et son groupe -un batteur, un bassiste, et une violoniste-choriste, qui, tout sourires, rêvent apparemment aussi fort que le chanteur. C’est l’un des principaux attraits du concert: voir les labyrinthes de Clair réappropriés par le collectif. C’est que les chansons de JP Nataf ont parfois un côté autiste, en tout cas farouche. Confiées au groupe, mini-troupe bienveillante, on se rend compte qu’en fait elles n’attendaient que ça: prendre l’air, être bousculées, comme la batterie qui ajoute de nouveaux accents sur Myosotis, ou Viens me le dire qui confirme définitivement son statut de tube (si du moins il y avait encore de la place dans le top 50 pour des chansons à énigmes – » venez me couler dans les veines, indigènes casqués d’argent « ).

Entre chaque chanson, Jean-Philippe Nataf passe son temps à changer d’instrument. Presque systématiquement: débrancher, rebrancher, réaccorder, démarrer à côté, recommencer. Chez d’autres, l’on aurait perdu le fil de la soirée depuis longtemps. Ici, les essais-erreurs font pleinement partie du jeu, pas calculées, mais recherchées. Ces impairs nourrissent le moment, rappelant l’essence même d’un concert, spectacle vivant. Alors quand à la fin du concert, JP Nataf lance le premier rappel, il le dédie le plus sincèrement du monde  » aux six arsouilles « , spectateurs qui pour ne pas tenir bien l’alcool, ont pesé sur les nerfs d’une bonne partie du public de la Rotonde. On espère au moins qu’ils lui ont payé une dernière tournée…

Laurent Hoebrechts

Ps : – quelques heures après le concert, on apprenait la mort d’Alex Chilton. Certes, cela n’a rien à voir. Quoique…

– une adresse pour envoyer les demandes de mariage à la violoniste de JP Nataf?

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