La femme et les USA selon Berthet

Le dessinateur de la saga Pin-Up revient avec une nouvelle série, Nico. Il nous a accordé une interview où il s’explique sur sa passion pour les Etats-Unis et sur la raison pour laquelle il dessine des femmes.

Nico est la nouvelle héroine du dessinateur Philippe Berthet. L’histoire se déroule en 1947 quand deux soucoupes volantes s’écrasent aux USA pour la première et en URSS pour la seconde. Vingt ans plus tard, Nico est en mission à Paris pour la CIA. Avec cette série, l’auteur français reste fidèle à lui-même en dessinant des thèmes qui lui sont chers.

Focus Vif: Nico est encore un personnage féminin comme dans bon nombre de vos albums. C’est votre marque de fabrique ?

Philippe Berthet: Dessiner des femmes est venu un peu par hasard. Ce sont les scénaristes qui me proposent des histoires avec des personnages centraux qui sont féminins. C’est vrai que c’est devenu une marque de fabrique, surtout avec les albums Pin-Up. Mais je n’ai pas d’attirance spécifique à avoir une femme comme personnage principal d’une aventure.

Vous dessinez aussi la femme de manière assez particulière puisqu’elles ressemblent toutes aux icônes des années 40 et 50…

En effet, je suis très attiré par la représentation de la femme de cette époque. J’aime beaucoup le côté glamour qui s’en dégage. La femme de cette époque, avant d’être sexy est glamour. Elle est aussi un objet de fantasme.

Une personnalité vous a-t-elle inspiré pour les traits de Nico?

Oui, elle est inspirée de la chanteuse du groupe Velvet Underground. Elle s’appelle Nico aussi. Je possède l’un ou l’autre album où la jeune femme a des cheveux courts, blonds et où elle ressemble à notre héroïne.

L’intrigue de ce premier tome se déroule en partie aux Etats-Unis. Ils servent souvent de décor aux aventures de vos héros. Quelles relations avez-vous avec ce pays?

J’ai été très influence par le cinéma américain des années 40 et 50. Je suis un grand fan de Humphrey Bogart. Il se dégage une vision des USA qui me plait dans ces films. C’est un pays que je n’ai jamais visité et je n’ai pas spécialement envie d’y aller. Je n’ai pas besoin de la réalité vu que je retrouve ce que j’ai envie dans les oeuvres de cette époque. J’aime l’image qui y est représentée.

Le récit débute aussi avec les événements de Roswell, c’est aussi un lieu mythique des USA et qui fait partie de cette mythologie de l’Amérique.

Tout à fait, le crash d’une soucoupe à Roswell, peu importe que ce soit réel, un coup monté ou autre chose. car c’est avant tout un lieu mythique. Beaucoup de monde connait l’histoire sans y être allé ou sans l’avoir vécu mais uniquement grâce à ce qu’il a vu à la télévision ou lu dans des livres. L’idée de Fred Duval de partir de ce faits divers pour l’histoire de Nico m’a plu mais je ne voulais pas non plus de quelque chose qui soit totalement orienté vers la science-fiction. Mais quand on s’est parlé au téléphone, on a été très vite d’accord sur tout. Finalement on a un récit qui mêle différents genres.

Avec votre propre vision de l’histoire !

On est dans un monde rétro-futuriste. On part du principe que comme le crash de Roswell a eu lieu, Washington a mis au courant le monde entier. Des études ont été faites sur la technologie des extraterrestres et ça permet une liberté avec l’histoire. Mais il était important aussi de conserver un rapport de force entre les USA et l’URSS car nous sommes en pleine période de la Guerre Froide. C’est pour cela qu’une soucoupe s’écrase aussi en territoire soviétique. Et il y a aussi des clins d’oeil plus amusants comme Isaac Asimov et Marilyn Monroe en couple, par exemple.
Ce que j’aime aussi dans ce rétro-futurisme, c’est que ça me permet de pouvoir faire référence aux auteurs des années 60 qui publiaient des dessins dans des magazines comme Sciences & Vie. Ils avaient une vision naïve de ce que serait le futur et créaient des machines totalement fantaisistes.

Certains reprochent à votre BD d’avoir un côté manichéen et de prendre parti pour les USA, qu’en pensez-vous?

Il est clair que le récit s’inscrit du côté américain. Mais il n’est nullement question d’avoir une histoire manichéenne. Au fur et à mesure des tomes, des personnages soviétiques devraient aider Nico tout comme des membres américains seraient de possibles ennemis. Le passage où les mercenaires, alors qu’ils sont sous les ordres de Staline, est surtout pour montrer la cruauté de ce couple, qui est appelé à devenir un ennemi récurrent de Nico.

Enfin, vous êtes un dessinateur qui opérez encore à la main, quelle est votre opinion sur le dessin par ordinateur ?

Je n’ai rien contre le dessin qui est fait par voie informatique. Il représente certains avantages. Quand je dois coloriser certaines choses, j’utilise aussi l’ordinateur et Photoshop. Mais je préfère le dessin à la main et pour deux grosses raisons. La première, c’est que j’adore le contact avec le papier. Ensuite, ce qu’il y a de dommage avec l’ordinateur, c’est que l’original disparait. Il n’y a plus de planches. Et c’est quelque chose que j’aime conserver…

Nico – Atomium-Express (Tome 1) est paru le 05/03/2010 aux éditions Dargaud.
Dessins: Berthet
Scénario: Duval
Couleurs: Hubert

Propos recueillis par Benoît Ronflette (Stg)

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