Les années RKO – Trois décennies durant, la RKO a largement contribué à la légende de Hollywood, produisant séries B comme chefs-d’ouvre. Démonstration à travers 10 nouveaux titres extraits de son riche catalogue.

Distribué par Twin Pics.

Fondée en 1928, la RKO Pictures (pour Radio-Keith-Orpheum Pictures) va, à compter des années 30, imposer une griffe tout à fait singulière dans le paysage hollywoodien. S’il se spécialise rapidement dans la Série B, le studio n’en produira pas moins de nombreux chefs-d’£uvre, dont le plus fameux reste assurément le Citizen Kane de Welles – l’un des nom – breux cinéastes de premier plan qui y seront un temps sous contrat, à l’image d’Alfred Hitchcock, Jacques Tourneur et autre Howard Hawks. Les 10 nouveaux titres de la collection RKO permettent d’ailleurs de rappeler l’exceptionnelle pépinière de talents que constitua le studio. Parmi ceux-là, l’excellent Richard Fleischer, futur réalisateur de 20 000 Leagues under the Sea, dont l’on découvre ici 2 des premiers films noirs. Sans avoir déjà l’impact de l’exceptionnel The Narrow Margin, Bodyguard (1948) () et The Clay Pigeon (1949) () imposent un style survolté et tendu, s’exprimant idéalement dans l’abattoir qui offre son cadre au premier. De même Anthony Mann déroule-t-il dans Desperate (1947) () une efficace mécanique de film noir autour de la figure du faux coupable, pour un drame sec et implacable. Qualités que l’on ne prêtera pas, en dépit de la présence de Peter Lorre, à l’anecdotique Stranger on the Third Floor () réalisé par Boris Ingster en 1940.

La suite de la sélection brasse les genres les plus divers, du western au fantastique; des aventures exotiques à la screwball comedy, non sans alterner classiques et curiosités.

Casting 5 étoiles

Au rang de ces dernières, Undercurrent () de John Sturges (1955), un film au titre français on ne peut plus éloquent, La Vénus des mers chaudes ayant surtout pour objet de mettre en valeur les charmes de Jane Russell au gré de vues plongeantes – l’essentiel de l’action, une chasse au trésor, se déroule sous les flots.

Love Happy () de David Miller (1949) est pour sa part un Marx Brothers mineur (et centré quasi exclusivement sur Harpo), où l’on découvre toutefois, au détour d’un plan, une toute jeune Marilyn s’inquiétant d’une voix cajoleuse: « Some men are following me… «  Quant à The Mad Miss Manton de Leigh Jason (1938) (), il s’agit d’une comédie loufoque d’un fort bel effet, articulée autour de la relation problématique du couple Barbara Stanwyck-Henry Fonda, celui-là même qui fera des merveilles 3 ans plus tard dans The Lady Eve de Preston Sturges.

Autre couple mythique, Fred Astaire et Ginger Rogers en sont, dans The Story of Vernon & Irene Castle (La grande faradole) (1939) (), à leur neuvième film en commun pour le studio et à un énième classique de la comédie musicale. On ne s’en lasse pas, pas plus que de The Most Dangerous Game (La chasse du Comte Zaroff) (1932) (), classique du cinéma fantastique tourné par Ernest Schoedsack et Irving Pichel dans les décors de King Kong, Fay Wray servant, avec d’autres, de gibier à un hôte amateur de macabres parties de chasse. Enfin, s’agissant de Stagecoach (1939) (), western de John Ford, on parlera de classique absolu. Entre huis clos et grands espaces – ceux de Monument Valley -, voilà un film aussi brillamment écrit que mis en scène, pour culminer dans un duel fantasmatique qui propulsera à jamais John Wayne dans la légende.

Jean-François Pluijgers

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