Critique | Musique

Kindness – World, You Need A Change Of Mind

POP | Kindness sort un premier album tongue-in-cheek, biberonné à la dance, au disco et la pop FM des années 80. Assurément sucré, mais en évitant l’indigestion.

KINDNESS, WORLD, YOU NEED A CHANGE OF MIND, DISTRIBUÉ PAR FEMALE ENERGY/COOP. ***

La définition pourrait volontiers convenir à la musique de Kindness. L’Anglais, alias Adam Bainbridge, est apparu en 2009 avec des bribes de morceaux. Son premier album ne sort cependant que maintenant. Entre-temps, le bonhomme n’a pas lâché grand-chose, ne parlant pas à la presse, avare d’apparitions publiques et de concerts . Il est question d’une mère indienne et d’un père anglais, d’une bourlingue entre Paris (où il entame des études de photo), Berlin et Philadelphie… On n’en sait pas beaucoup plus, et après tout, ce n’est pas plus mal. Si World, You Need A Change Of Mind, produit par Philippe Zdar (Cassius), ne lève pas vraiment le mystère, il livre par lui-même suffisamment d’occasions de se réjouir.

Solo de saxophone compris

D’abord, les précautions d’usage: Kindness a tout de la tête à claques, le parfait joujou pour hipsters. Surtout, à l’instar d’une tendance de plus en plus prégnante, il adore cultiver ses paradoxes. Comme celui qui consiste à revendiquer la recherche d’émotion et d’une certaine naïveté, tout en creusant sa musique dans le second degré et la pose affectée. Le meilleur exemple est peut-être le titre Anyone Can Fall In Love, reprise eighties d’Anita Dobson, l’actrice de la série britannique EastEnders. Plongée dans la saccharine, la version balearic qu’en donne Kindness sera, selon l’humeur, absolument insupportable ou délicieusement paresseuse.

Ailleurs, Kindness fait moins débat. Ce qui ne veut pas dire que la démarche ne fait pas preuve d’un certain culot. Un titre comme Gee Wiz se contente d’une ligne de basse, et d’une griffe de guitares, avant d’exploser façon funk élastique sur Gee Up. En entrée, SEOD semble convoquer tous les tics de la pop FM eighties, solo de saxophone compris, sans pour autant arriver à se faire détester. En général, on retrouve un peu partout les fantômes disco de Walter Gibbons (Doigsong), Arthur Russell et Chic; mais ceux aussi plus funk de Prince, voire même Janet Jackson (l’excellent That’s Alright) ou Grace Jones.

Cela fait du beau monde, que Kindness s’accapare sans piller. Avec sincérité toujours, mais, contrairement à ce qu’il semble parfois dire, sans naïveté aucune.

Laurent Hoebrechts

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