Jessica Chastain reine de tripots pour VIP dans Molly’s Game

Jessica Chastain © REUTERS
FocusVif.be Rédaction en ligne

Jusqu’à ce qu’elle la rencontre, Jessica Chastain a eu du mal à comprendre Molly Bloom, la jeune championne de ski devenue patronne de tripots pour les stars, qu’elle interprète dans Le Grand jeu.

Molly se destinait à un avenir olympique jusqu’à ce qu’un accident interrompe ses rêves sportifs. La jeune bourgeoise du Colorado semblait ensuite sur les rails pour une carrière d’avocate. Au lieu de cela, elle est devenue patronne de tripots pour stars d’Hollywood ou de Wall Street, brassant des mises vertigineuses et marchant à la cocaïne. Puis la mafia s’en est mêlée, et la « princesse du poker » s’est fait cueillir au petit matin par des agents du FBI armés jusqu’aux dents, et tous ses biens ont été saisis.

« Comment s’est-elle laissée piéger par tous ces gens? Je pense que je l’ai jugée au début. Nous en tant que société avons l’habitude de blâmer les femmes », avoue Chastain. La californienne de 40 ans, nommée aux Golden Globes pour sa performance dans ce thriller haletant, a fini par réaliser que « Molly est une création de la patriarchie », qui a « fait ce qu’il fallait pour être visible, gagner une impression de pouvoir » dans un monde où les hommes distribuaient les cartes.

Père intransigeant

« Tout vient de son enfance. Son père (interprété par Kevin Costner) lui avait dit clairement que c’était lui qui établissait les règles et qu’elle devrait les suivre jusqu’à ce qu’elle gagne son propre argent. Alors elle s’est dirigée vers le secteur où elle pensait pouvoir conquérir cette liberté », poursuit la comédienne aux yeux turquoises, lors d’un entretien avec l’AFP à Beverly Hills.

Le film, qui sort le jour de Noël en Amérique du nord (le 3 janvier en France) ne donne aucun nom de personnalité, mais la biographie publiée par Molly Bloom en 2014 avait fait grand bruit pour son portrait des parties de pokers VIP et des gros joueurs d’Hollywood. Elogieuse avec Ben Affleck – « il est sympa avec tout le monde » – elle l’était nettement moins avec Tobey « Spider-man » Maguire, décrit comme cupide et méprisant. Il aurait demandé à Molly de bêler comme un phoque pour 1.000 dollars. Elle aurait refusé.

En pantalon gris et chemise blanche, le visage diaphane, Jessica Chastain est aux antipodes des tenues sexys et maquillages épais qu’elle arbore dans le film.

Celle qui fut révélée par La couleur des sentiments et The tree of life a été l’une des personnalités les plus actives sur les réseaux sociaux pour dénoncer les agressions sexuelles depuis le début de l’affaire Weinstein, le producteur accusé par plus de 100 femmes de comportement sexuel abusif, voire de viol. Voix douce mais personnalité de fer, cette perfectionniste, diplômée de la très select Juilliard School à New York, apprend ses dialogues méthodiquement jusqu’à ce qu’ils coulent « comme de la musique ».

« Stop, stop, stop! »

Pour Chastain, Aaron Sorkin, qui a bâti sa réputation sur ses textes au débit supersonique comme ceux d’A la Maison Blanche ou du Social Network, « est peut-être le meilleur scénariste » d’Hollywood.

« Il y a dans ses textes un rythme comme il y en avait chez Shakespeare et je voulais mémoriser le script parfaitement, mot pour mot » poursuit-elle, se rappelant d’une anecdote de tournage. Lors d’une joute verbale étourdissante entre Molly et son avocat, incarné par le charismatique Idris Elba, son personnage répond « Ouais ». « Stop, Stop, Stop! Je n’ai jamais écrit ‘ouais’ de toute ma carrière! », l’a interrompue Sorkin. La flamboyante rousse, déjà nommée deux fois aux Oscars et lauréate d’un Golden Globe pour Zero Dark Thirty, a demandé à vérifier le script et elle avait (évidemment) raison.

Le coeur du Grand jeu repose sur le rapport entre Molly et son avocat Charlie Jaffey, qui l’incite à collaborer avec la police et à donner toutes les informations les plus personnelles dont elle dispose sur ses anciens « clients ».

« Quand elle arrive dans le bureau de Charlie Jaffey, elle n’est plus qu’une coquille vide, elle a renoncé petit à petit à tout ce qu’elle était. Elle se dit « ils ont pris tout mon argent et veulent me le rendre contre tous ces commérages ». Elle dit non, quitte à risquer la prison », fait valoir Jessica Chastain. « Pas pour protéger les autres, mais pour la première fois, pour se protéger elle-même, défendre son intégrité ». Et rebâtir sa vie selon ses propres règles.

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