Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

« Everything Is New »

Distribué par XLRecordings. En concert au Pukkelpop, le 22/08.

C’est l’été et, pour l’accompagner, soleil ou pas, on trouvera difficilement chanson aussi euphorisante que So Near. Batterie bondissante, tout charleys ouverts, basse élastique, ch£urs enjoués: le jeune Jack Peñate (24 ans) a mis dans le mille. Comme c’est le cas d’à peu près l’intégralité de son deuxième disque d’ailleurs.

Qui a proclamé qu’un artiste avait tendance à tout mettre dans son premier album? Passé un peu inaperçu de ce côté-ci de la Manche à l’époque de sa sortie en 2007, Matinée ne déméritait pas. Son successeur, le présent Everything Is New, place cependant la barre bien plus haut. « Un premier album est forcément une esquisse, explique le bonhomme. Surtout quand vous ne faites pas partie d’un groupe: il n’y a personne pour vous corriger, à qui vous confronter. Aujourd’hui, j’ai ce premier disque auquel je peux réagir. » D’accord, mais le tournant reste cependant spectaculaire, là où tant d’autres attendent sagement trois, quatre disques avant d’aller voir ailleurs. « J’aime l’idée que chaque album propose un concept différent, un son différent. Que le public suive ou pas, j’ai besoin d’être excité par ce que je fais. »

Cette manie de tout jeter à la poubelle pour recommencer à zéro, Jack Peñate la tient probablement de sa famille. En l’occurrence, une vraie pépinière d’artistes. Cousins, oncles, ou un grand-père, Mervyn Peake, peintre-écrivain britannique célèbre, mort en 1968. Sa tante aussi, Phyllida Barlow, sculptrice renommée. « Elle exécute des £uvres qu’elle détruit après chaque exposition. » Ou comment intégrer la notion que l’£uvre la plus importante est toujours la suivante.

Chef d’orchestre

Jack Peñate a donc tout repris à zéro, avec l’aide déterminante du producteur Paul Epworth (Friendly Fires, Bloc Party, Primal Scream…). Du coup, alors qu’elle restait jusqu’ici sagement à terre, sa pop anglaise prend la direction du Brésil, de l’Afrique… Ou, comme sur l’extatique Let’s All Die, de la Nouvelle Orléans. « Quand j’ai eu 19 ans, j’ai fait un voyage aux Etats-Unis avec un pote. Une sorte de grand circuit musical qui nous a amenés jusqu’à la Nouvelle Orléans. On a pu voir tous ces marching bands et surtout ces funeral bands géniaux. L’idée que des funérailles puissent être une fête m’a complètement bouleversé. D’où ce titre, assez punk, direct et brutal, mais aussi doux et généreux. » Sur Everything Is New, Jack Peñate apparaît d’ailleurs comme le chef d’orchestre du cortège. En fait, un ch£ur qui vient en permanence appuyer le propos, à l’instar de ce qu’on peut entendre dans la plupart des musiques brésiliennes. Comme si une communauté prenait forme en direct . « C’est ce qui tient le disque. On a imaginé un groupe de filles qui puissent apparaitre régulièrement tout le long de l’album. Mais en réalité, la plupart du temps, il s’agit juste de Paul et moi. » L’effet est en tout cas garanti: énergisant.

Laurent Hoebrechts

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